La direction interdépartementale de la Police aux frontières (PAF) de Perpignan a interpellé 39 trafiquants de migrants au cours du mois d’octobre. En septembre, la PAF avait déjà intercepté 22 passeurs, a rapporté mercredi L’Indépendant. Habituellement, elle ne procède qu'à une dizaine d’interpellations de passeurs par mois.
C’est encore un mois exceptionnel pour la police aux frontières (PAF) de Perpignan. Trente-neuf trafiquants de migrants ont été interpellés dans cette ville du sud de la France, frontalière de l’Espagne, a rapporté le site L’Indépendant.
En septembre déjà, 22 passeurs avaient été interpellés, selon le média local qui précise qu’"en moyenne, ce nombre s'élève habituellement à une dizaine par mois".
Le 19 octobre dernier, le contrôle d'un véhicule immatriculé en Espagne a permis aux CRS en renfort du dispositif de lutte contre l'immigration irrégulière de la PAF à la frontière franco-espagnole d’interpeller "un résident espagnol, de nationalité palestinienne". L’homme "transportait neuf ressortissants syriens en situation irrégulière, dont deux mineurs" qui cherchaient à se rendre en Allemagne et en Autriche, selon L’Indépendant.
Le conducteur a été condamné à une peine de six mois de prison ferme avec maintien en détention et cinq ans d'interdiction du territoire français.
>> À lire : Frontière franco-espagnole : les passages de migrants soumis à des contrôles accrus et systématiques
Quelques jours plus tôt, le 13 octobre, les policiers de la PAF avaient interpellé deux personnes – toutes deux de nationalité française – à bord d’un véhicule dans lequel se trouvaient deux étrangers en situation irrégulière.
L’Indépendant précise que le passager de la voiture "avait déjà été interpellé, à deux reprises et peu de temps auparavant, pour les mêmes faits". Les deux hommes ont été "jugés en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Perpignan et ont tous les deux écopé d'une peine de 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt à l'audience".
La Côte Vermeille, nouvelle route migratoire
Selon la PAF, les migrants seraient, depuis 2020, de plus en plus nombreux à tenter la traversée de la frontière franco-espagnole par les Pyrénées-Orientales.
En mai dernier, Christian Grau, le maire de Cerbère, un village frontalier de 1 300 habitants, expliquait à l’AFP avoir ressenti en 2020 une "importante augmentation du flux migratoire". "Des groupes de 20, 30, parfois jusqu'à 50 migrants arrivaient jour et nuit au village".
"À Cerbère, les migrants transitent souvent via les tunnels de la SNCF, au péril de leur vie", rapporte France 3 Occitanie. "Jusqu’à une soixantaine dans la journée", selon David Cerdan, délégué syndical CGT-SNCF, interrogé par la télévisions locale.
>> À lire : Pyrénées-Orientales : 31 migrants, pour la plupart venus d'Espagne, interceptés sur le réseau ferroviaire
Pour le maire du village, l'extrémité sud de la côte Vermeille, dans les Pyrénées Orientales, "est une nouvelle route pour les migrants, c'est sûr".
Des associations "dépassées"
Une impression confirmée par les associations qui viennent en aide aux migrants à Perpignan et se disent "dépassées" depuis un an. "On n'arrive plus à aider tout le monde. Avant on distribuait 40 repas par jour, aujourd'hui on en est à plus de 200", témoigne Fatouma M. H., vice-présidente de l'association Au cœur de l'humanité 66.
À la Cimade, Jacques Ollion explique "l'importante hausse du nombre d'arrivées" ces derniers mois, notamment d'Algérie, par "l'inaction du gouvernement (local) qui a douché les espoirs d'une jeunesse désespérée".
Depuis quelques mois, grèves, augmentation du chômage et paupérisation s'ajoutent dans ce pays d'Afrique du nord à une profonde crise économique née de la chute de la rente pétrolière et aggravée par la pandémie de coronavirus. Le salaire minimum stagne à un peu plus de 125 euros.
Le responsable local de la Cimade pointe néanmoins une "certaine candeur" des nouveaux arrivants, "sans véritable projet construit". "Ils se rendent compte qu'ils sont condamnés à une vie de clandestinité, souligne Jacques Ollion. Ce constat d'échec est un moment très difficile, vis-à-vis d'eux-mêmes, de leur famille, mais aussi des autorités puisqu'un migrant illégal qui revient en Algérie peut être condamné à une peine d'emprisonnement."