L’Irish Times a révélé jeudi qu’un migrant somalien de 28 ans retenu en Libye s’était donné la mort la veille en s’immolant par le feu. Détenu à Tripoli depuis au moins 9 mois, il avait perdu tout espoir de quitter le pays.
Un migrant somalien de 28 ans s’est immolé par le feu mercredi 26 octobre dans le centre de détention de Tariq al-Sikka, à Tripoli, a révélé l’Irish Times jeudi. L’auteure de l’article, la journaliste Sally Hayden, a expliqué à InfoMigrants avoir appris la mort de cet homme en recueillant des témoignages de personnes qui se trouvaient en détention avec lui.
Les co-détenus ont raconté à la journaliste que cet homme se trouvait dans le centre de Tariq al-Sikka (géré par la Direction libyenne de lutte contre la migration illégale (DCIM)) depuis neuf mois.
Selon eux, l’homme a tenté de mettre fin à ses jours après qu’une équipe de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) l’a prévenu qu’il avait très peu de chances de pouvoir être évacué de Libye. Les circonstances de ce suicide restaient néanmoins imprécises jeudi.
Contacté par InfoMigrants, le HCR s’est dit "très attristé" par la mort du migrant somalien. "Les circonstances de ce décès ne sont toujours pas claires. Le HCR a immédiatement pris contact avec les autorités compétentes pour obtenir de plus amples informations sur cet incident tragique", a ajouté l’organisation.
Selon des témoignages de migrants recueillis par l’Irish Times, cette personne ne serait pas la première à trouver la mort dans le centre de Tariq al-Sikka.
Détérioration des conditions de vie
Pour les migrants détenus en Libye, la situation est de plus en plus compliquée. Depuis 2016, différents accords ont été passés entre l’Union européenne et la Libye pour soutenir financièrement et former les garde-côtes libyens afin qu’ils interceptent les embarcations de migrants qui cherchent à traverser la Méditerranée et les ramènent en Libye.
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Ces accords ont significativement réduit le nombre d’arrivées de migrants en Italie mais ils ont indirectement aggravé les conditions de vie des migrants dans le pays. Entre janvier et mai 2018, près de 12 000 migrants ont été interceptés en Méditerranée et ramenés en Libye par les garde-côtes libyens, selon le HCR. Contactée en mai dernier par InfoMigrants, l’Organisation internationale des migrations (OIM) estimait que le nombre de personnes détenues dans les centres de détention libyens était passé de 5 000 à 9 300 au cours des trois derniers mois.
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