Les migrants du Nivin ont été évacués par les autorités libyennes. Crédit : DR
Les migrants du Nivin ont été évacués par les autorités libyennes. Crédit : DR

Les autorités libyennes ont évacué mardi 20 novembre les 77 migrants qui refusaient depuis 10 jours de débarquer à Misrata. D'après les reporters de France 24 sur place, qui ont pu s'entretenir avec une source officielle ils ont été ramenés en centre de détention et sont accusés de "piraterie".

Mardi 20 novembre vers 10h30 heure de Paris, selon plusieurs sources concordantes, les autorités libyennes ont mené une opération musclée pour déloger les 77 migrants qui refusaient de sortir du navire commercial depuis 10 jours. Selon un média local, l’opération a été ordonnée par le procureur général de Misrata.

"On a vu passer ce matin des ambulances qui fonçaient à toute allure et de nombreux fourgons avec des hommes en armes à l’intérieur", précise à InfoMigrants un humanitaire sur place. Les organisations internationales ont pour l’heure peu d’informations sur la situation, les autorités libyennes les ayant tenues à l’écart de l’évacuation. "On n’a pas été autorisés à suivre l’opération, on nous a bloqué l’accès", note encore l’humanitaire. L’opération s’est donc déroulée sans témoins.

InfoMigrants a tenté de joindre, Victor*, son contact à bord mais c’est un homme se présentant comme un garde-côte libyen qui a répondu. "Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il n’y a plus personne dans le bateau et que les migrants sont dans de bonnes conditions", a-t-il déclaré, laissant penser que le téléphone du migrant soudanais avait été saisi.

Plusieurs sources évoquent au contraire une situation tendue. Selon le directeur de la sécurité et de la sûreté de la zone franche de Misrata interrogé par l'équipe de France 24 en Libye, les autorités libyennes ont fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour évacuer le bateau. Plusieurs personnes ont été blessées et sont désormais prises en charge à l’hôpital de Misrata. 

Des migrants accusés de "piraterie" 

D'après la même source, les migrants non blessés ont été envoyés au centre de détention de Kararim, à Misrata. Ils sont accusés de "piraterie", a expliqué le Directeur de la sécurité et de la sûreté de la zone franche de Misrata, à l'équipe de France 24.

Un garde-côte libyen, joint par InfoMigrants plus tôt dans l'après-midi, a affirmé que certains des migrants avaient été présentés au procureur général.

Secourus le 8 novembre au large de la Libye par un navire commercial battant pavillon panaméen, les migrants refusaient de débarquer au port de Misrata. "Plutôt mourir que de retourner en Libye", affirmaient-ils à InfoMigrants. Pendant des jours, les organisations internationales ont essayé de négocier avec les autorités libyennes une solution alternative aux centres de détention, sans succès.

Elles redoutaient également l’usage de la force pour faire sortir les migrants calfeutrés à l’intérieur du bateau. Lundi 19 novembre, un membre d’une organisation internationale déclarait sous couvert d’anonymat à InfoMigrants : "Les Libyens font finir par perdre patience".  

Les organisations internationales se disent aujourd’hui inquiètes du sort qui sera réservé aux leaders de la contestation. "On va être attentif à leur situation mais aussi à celles des autres migrants du Nivin", conclut un humanitaire.

 

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