Photo d'archive de migrants dans les Alpes. Crédit : Reuters
Photo d'archive de migrants dans les Alpes. Crédit : Reuters

Avec l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini en Italie et le durcissement de sa politique migratoire, les associations françaises de Briançon, à la frontière franco-italienne, craignent une arrivée massive de migrants par la montagne. Mais les sommets sont enneigés et les risques d'accident élevés.

Les associations d’aide aux migrants à Briançon, dans les Hautes-Alpes, à la frontière franco-italienne, s'inquiètent d’un potentiel afflux de migrants dans les semaines à venir. En cause : le durcissement de la politique migratoire en Italie. "Le contexte en Italie a changé avec l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini. C’est un facteur d’aggravation de la situation pour nous", déclare à InfoMigrants Michel Rousseau, le porte-parole de l’association Tous Migrants à Briançon. "On craint de nouvelles traversées de la montagne dans les semaines à venir".

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Michel Rousseau se dit particulièrement préoccupé par le sort des femmes et des enfants. "On a peur que des personnes vulnérables fuient l’Italie et s’aventurent dans les montagnes, vers le col de Montgenèvre, pour essayer de passer en France. Or, les familles ne sont pas préparées à ces traversées", s’inquiète le militant. 

Depuis la mi-novembre, la neige tombe dans les Hautes-Alpes, et "à 2 500 mètres d’altitude, il y a un mètre d’enneigement. La nuit, les températures descendent jusqu’à -10, -15 degrés", rappelle Michel Rousseau. Selon le bénévole, la traversée peut prendre plusieurs heures, en fonction des trajets empruntés et de la forme physique des migrants. "Entre la dernière ville italienne de Claviere et le Refuge de Briançon, il y a 17 km. Il faut au moins 3h de marche dans le froid glacial et la neige".

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À ces nouvelles craintes d’arrivées, les associations redoutent les pressions policières. Depuis plusieurs mois, les forces de l’ordre patrouillent ponctuellement le long de la frontière. "On sait qu’il y a des renvois systématiques de migrants interceptés dans la montagne", continue Michel Rousseau. "C’est ce qu’on redoute le plus, que des personnes renvoyées vers l’Italie meurent de froid, d’accident, de fatigue là haut". Car, selon le militant, pour chercher à éviter la police, des migrants prennent des risques. Dans des course-poursuites avec les forces de l'ordre, ils sortent des sentiers battus, se perdent, s’épuisent… "On craint les morts d’épuisement en montagne", précise-t-il.

Michel Rousseau dénonce aussi les "ruses" dont feraient preuve certains agents. "Il y a des policiers très humains et bienveillants et il y en a qui se déguisent en randonneurs. Le souci, c’est que désormais quand les migrants voient des civils en montagne, n’importe quel civil, ils prennent peur, ils ne savent pas s’ils sont face à des bénévoles, des militants ou des policiers".

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En attendant le retour de jours plus cléments, l’association Tous Migrants "encourage" les citoyens à "effectuer des maraudes". "Plus de trente personnes ont déjà dû être secourues depuis l'arrivée du froid, il y a un mois", continue Michel Rousseau. "On ne demande pas aux gens d’être dans l’illégalité, mais de rester vigilant quand ils roulent en voiture dans la montagne. De regarder si personne n’est en difficulté."

Trois migrants ont déjà trouvé la mort dans la région, l’hiver dernier. "La situation mérite une réponse humanitaire et juridique immédiate avant qu'un nouveau drame arrive", expliquent les associations dans un communiqué publié la semaine dernière. "Les frontières françaises ne peuvent continuer à être des zones où le droit n'est pas appliqué".

 

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