La police italienne a annoncé lundi avoir arrêté au moins 16 Nigérians appartenant à une cellule mafieuse présumée. Sa particularité : être installée au coeur du plus grand centre pour demandeurs d’asile d’Europe à Mineo en Sicile.
Nom de code “Viking”. Une cellule mafieuse nigériane basée au coeur du plus grand centre d'accueil pour demandeurs d'asile d’Europe à Mineo en Sicile a été démantelée, a annoncé lundi 28 janvier la police italienne. Au moins 16 personnes ont été arrêtées, selon le communiqué officiel. Elles sont soupçonnées d'association criminelle de type mafieux, de trafic de cocaïne et de marijuana ainsi que de violences sexuelles aggravées.
Parmi les personnes arrêtées lundi figure “le chef suprême des ‘Vikings’ en Italie. Il s’agit d’un homme ayant le pouvoir de nommer les sous-chefs (appelés ‘bourreaux’) des différentes branches [de l’organisation] existant sur le territoire national”, affirme la police qui précise que des armes blanches et de la drogues ont été saisies lors du coup de filet.
Le QG de l’organisation, installé dans le centre d’accueil pour demandeurs d’asile dit “Cara”, se trouve sur une ancienne base militaire perdue au milieu des champs d’orangers à Mineo, dans l’est de la Sicile. Un lieu bien connu des services de police qui, depuis des années, avaient connaissance des soupçons qui pèsent sur les résidents comme sur les gestionnaires du Cara : marché noir, prostitution, trafic de drogues, détournement des fonds destinés à son fonctionnement...
Vers la fermeture des grands centres d'accueil des migrants en Italie?
Le centre a hébergé jusqu'à 4 000 migrants avant de voir sa population stabilisée plusieurs années autour de 3 000 personnes puis descendre peu à peu jusqu'à 1 350 aujourd'hui. Répartis par groupes ethniques, les pensionnaires doivent souvent attendre jusqu'à deux ans la réponse à leur demande d'asile, dans un désœuvrement mortifère.
Les mafieux présumés étaient parvenus, avec le temps, à “imposer leur force contre d’autres communautés étrangères, créant ainsi des rapports de forte soumission et un climat de silence” à Mineo, explique la police.
Le ministre italien de l'Intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini, qui avait régulièrement demandé la fermeture du Cara de Mineo lorsqu'il était dans l'opposition, a annoncé lundi son intention de vider le centre, "et tous les autres grands centres", avant la fin de l'année 2019. "Plus les centres sont grands, plus il est facile pour des criminels de s'y infiltrer", a-t-il déclaré à la radio et sur Twitter.
Du même avis, le procureur de la région de Catane, Carmelo Zuccaro, a estimé "qu'un Cara comme celui de Mineo, qui accueille autant de gens et qui ne peut être contrôlé (...) ne peut être qu'une énorme erreur". Selon lui, ces gigantesques Cara deviennent rapidement des "carrefours pour le trafic de stupéfiants, où les criminels entrent et sortent et où l'on voit des épisodes d'une violence et d'une cruauté impressionnante."