Des migrants africains font la queue devant un centre de détention en Libye. Ils attendent le bus qui les ramènera dans leurs pays d’origine, novembre 2017 Crédit : Imago
Des migrants africains font la queue devant un centre de détention en Libye. Ils attendent le bus qui les ramènera dans leurs pays d’origine, novembre 2017 Crédit : Imago

Plus d’un millier de Ghanéens sont rentrés au Ghana depuis 2017 avec l’aide d’un programme de l’Organisation internationale pour les migrations. L’ambition de l’OIM est de permettre un retour "avec dignité" et de proposer un soutien à la réintégration.

Chaque année, des milliers de Ghanéens décident de tout quitter et se lancent dans la dangereuse traversée du Sahara pour tenter de rejoindre la Libye, dernière étape avant la traversée de la mer Méditerranée. Mais des centaines d’entre eux meurent sur cette route, le plus souvent "de faim, de déshydratation, d’abus physiques et de maladies", selon Joel Millman, un porte parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Parmi ceux qui ont échappé à ce destin tragique, Fuseini, qui a parcouru plus de 2 800 km pour arriver en Libye, avant de décider de renoncer et retourner au Ghana. Mais cette fois, ce sera en avion. Fuseini ne regrette pas son choix : "Je suis heureux d’avoir retrouvé ma famille, j’ai survécu à mon voyage et à mon temps en Libye. Je suis de retour chez moi", explique le Ghanéen, qui souhaite désormais ouvrir une boutique de vêtements.

Des migrants africains dans un centre de détention près de Tripoli, 2017. Photo : Picture Alliance/S. KremerFuseini fait partie du millier de Ghanéens échoués, au Niger et d’autres pays de la région qui ont profité du programme "Aide au retour volontaire et à la réintégration" (AVRR) de l’OIM lancé en 2017.  L’agence onusienne coopère dans ce programme avec l’Union européenne (UE) et le gouvernement ghanéen. 

La plupart des Ghanéens à être rentrés sont retournés dans la région de Brong Ahafo dans le centre, suivi de la région d’Ashanti et d’Accra. "Je dirais que 99,9% d’entre eux sont très heureux d’être à nouveau à la maison", explique Anita J. Wadud du bureau de l’OIM à Accra.

Trouver un emploi

Une fois arrivés au Ghana, l’OIM remet une somme à ceux qui sont rentrés pour couvrir leurs besoins immédiats. Elle propose également une aide à la réintégration, comme des séances de conseil, du soutien scolaire, ou encore une assistance psychologique et médicale. Selon l’agence de l'ONU, 556 personnes se sont déjà inscrites au programme de réintégration.

Le Ghanéen Uma Mashood a ouvert un atelier sur l’automobile en rentrant à Tamale, 2016. Photo: DW/M. SuukAnita J. Wadud constate que la question financière est le premier défi : il faut trouver une façon de gagner de l’argent. Le plus vulnérables ont avant tout besoin d’un logement. D’autres doivent suivre des formations, apprendre à rédiger un CV ou à passer un entretien. Enfin, certains réussissent à monter leur propre affaire.

Un autre défi du retour est aussi de retisser les liens avec ses proches et ses amis qu’on a laissé derrière soi.

Le projet s’inscrit dans le cadre d’une initiative conjointe entre l’OIM et l’UE pour la protection et la réintégration des migrants. 26 pays africains y sont associés et collaborent. D’après l’OIM, 58 000 personnes qui s’étaient lancées sur les routes migratoires d’Afrique sont rentrés chez eux en sécurité.

"Permettre un retour sûr et digne de plus d’un millier de Ghanéens, dont beaucoup se trouvaient en prison, est un accomplissement de taille", affirme Sylvia Lopez-Ekra, chef de mission de l’OIM au Ghana. Elle concède néanmoins que "beaucoup reste à faire pour une intégration réussie de ces migrants au Ghana". 

Le Ghanéen Isaac Frimpong est part trois fois en Libye en une dizaine d’années. Photo: DW/Marine OlivesiLes raisons du retour

L’une des missions de l’OIM est de faire le tour des centres de détention en Libye, afin d'expliquer aux migrants enfermés qu’il existe une possibilité de rentrer chez eux via le programme de retour volontaire de l'organisation internationale. 

Ce programme s’adresse également à ceux dont la demande d’asile a été rejetée dans le pays d'accueil, à ceux qui ont décidé d’abandonner leurs démarches, qui ont été victimes de trafic humain, qui se retrouvent en situation de vulnérabilité dont les mineurs non accompagnés, mais aussi ceux qui n’ont plus les moyens financiers de poursuivre leur route.

 

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