Créée en 1980, l’association SOS Voyageurs a pour but d’aider tous ceux qui passent en gare et qui ont besoin d’aide comme des victimes de vol ou des personnes égarées. Mais à Marseille, Nice et Clermont-Ferrand, l’association s’est peu à peu transformée en refuge pour migrants et demandeurs d’asile sans-abri. Les bénévoles sont débordés.
Il suffit que la lumière soit allumée derrière la porte vitrée du petit local de SOS Voyageurs pour les migrants s’y pressent. Implantée sous la gare Saint-Charles à Marseille, cette association discrète apporte des boissons chaudes, des biscuits, des informations et un peu de réconfort aux voyageurs qui débarquent dans la cité phocéenne. La plupart arrivent d’Italie ou d’Espagne et sont originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient.
Ce genre d’association existe depuis le début du siècle dernier, explique Martine, une bénévole rencontrée sur place par InfoMigrants. “Au départ, il s’agissait plutôt d’aider les jeunes femmes qui quittaient leur campagne et débarquaient à Paris… Pour éviter qu’elles se retrouvent dans des situations délicates, elles pouvaient demander de l’aide à leur arrivée en gare.”
Aujourd’hui, SOS Voyageurs, en partenariat avec la SNCF, a pour mandat principal de porter assistance aux voyageurs qui ont notamment perdu leurs papiers ou se sont fait voler leurs affaires. “Mais ces dernières années, notre permanence est devenue, pour les migrants, un lieu central, un point clé dans Marseille”, avoue Martine. “Ils viennent prendre le café, rencontrer d’autres gens. On essaie aussi de répondre à leurs questions, de les guider, les orienter vers la PADA s’ils viennent d’arriver. Très souvent, on les aide aussi à prendre leurs billets de train pour aller à leur rendez-vous obligatoire en région parisienne.”
Plus de 200 personnes en quelques heures
À Marseille, SOS Voyageurs fonctionne grâce à huit bénévoles seulement qui se relaient pour effectuer environ quatre permanences par semaine. Les bras et les moyens manquent tandis que la demande, elle, ne faiblit pas. “Cet après-midi, en quelques heures, on a eu environ 200 personnes. À chaque fois qu’on ouvre, c’est pareil. Tout le monde se précipite pour un café et pour échanger quelques mots avec nous. Beaucoup d’entre eux, y compris des mineurs, semblent vraiment désespérés et fatigués de dormir à la rue”, rapporte Martine.
Dans son ouvrage “L’asile en exil”, l’Observatoire Asile Marseille souligne l’importance de l’action de SOS Voyageurs. Dénonçant “un contexte de manque généralisé de lieux repères” pour les migrants, les auteurs décrivent l’association comme un lieu essentiel. Les migrants y trouvent “un répit et un soutien important dans les difficultés de leur vie quotidienne : charger des téléphones, demander un téléphone prêté par l’association pour appeler le 115 ou un mobile en France, essayer de comprendre des démarches administratives en se faisant aider pour remplir des dossiers. Certains, tentent aussi de prendre des nouvelles des nouvelles de leurs familles tandis que d’autres échangent avec les autres exilés présents sur place.”
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Bénéficiant toutefois de très peu de moyens et de financement, les bénévoles sont souvent “débordés” et peine à trouver le temps pour venir en aide à tous, affirment les auteurs de “L’asile en exil” : “Cette association se trouve désormais à gérer une situation qui ne correspond pas à sa vocation historique et l’espace est petit, inadapté à l’accueil et l’accompagnement d’un si grand nombre de personnes. On y réalise des tâches plus proches de celles d’un Accueil de Jour que de celles propres à une structure dont la vocation initiale est de venir en aide aux voyageurs de la SNCF.”
Huit autres villes à travers la France
Outre Marseille, SOS Voyageurs est présent dans sept autres villes à travers la France. Si les gares de Nice et Clermont-Ferrand rencontrent “les mêmes difficultés qu’à Marseille”, les autres bureaux sont moins fréquentés et se focalisent davantage sur le mandat d’origine de l’association, indique le président de l’association, Pascal Foignot, joint par InfoMigrants. Les horaires d’ouverture varient en fonction de la disponibilité des bénévoles :
- Clermont-Ferrand / Quai H
- Dijon / Passage Henri-Vincenot
- Lille Flandres / Face à la voie 15
- Lyon Part-Dieu / Hall près des consignes
- Marseille / Halle Honnorat, boulevard Maurice Bourdet
- Nice / Du côté de l’auto-train
- Rennes / La permanence est actuellement fermée pour cause de travaux dans la gare. Elle rouvrira dès la fin des travaux.
- Toulouse / Quai n°1
- Paris / La permanence qui existait à Gare de Lyon est désormais fermée. Des négociations sont en cours pour rouvrir un local prochainement dans une autre gare parisienne.