CherryX/wikimedia.org | Une vue du bâtiment de la Cour européenne des droits de l'homme qui vient de condamner la Grèce..
CherryX/wikimedia.org | Une vue du bâtiment de la Cour européenne des droits de l'homme qui vient de condamner la Grèce..

La justice européenne condamne la Grèce pour la détention de migrants mineurs isolés dans des commissariats.

L’État grec devra leur verser chacun 4 000 euros. La Cour estime qu’ils ont subit des des "traitements dégradants" dans divers commissariats du pays en 2015 et en 2016. À l’époque, réfugiés et migrants arrivaient par milliers chaque jour en Grèce. Les camps étaient surpeuplés et l’État dépassé. Ces neufs jeunes qui voyageaient sans leurs familles avaient été placés plusieurs semaines en cellule en attendant de pouvoir déposer une demande d’asile. une mesure soi-disant "protectrice".

Or les commissariats ne sont pas adaptés à l’accueil de mineurs isolés

Dans sa décision, la CEDH précise les conditions dans lesquelles ces jeunes de 14 à 17 ans ont été détenus. Elle décrit notamment "un manque de chaleur, de ventilation, d’éclairage et une nourriture de mauvaise qualité." Ils n’avaient de plus "pas la possibilité de marcher et devaient dormir sur le sol dans des draps sales." Ces conditions sont incompatibles, selon la Cour, avec de longues périodes d’emprisonnement. Elle précise, de plus, que selon la loi grecque et les textes européens, la détention des mineurs ne doit être appliquée qu’en dernier recours. Au bout de plusieurs semaines, le Centre national pour la solidarité sociale, l’EKKA avait recommandé leur placement en Centre d’accueil pour mineurs non accompagnés.

Aujourd’hui, quelle est la situation des mineurs non accompagnés en Grèce ?

Selon le ministre grec de l’Immigration, Dimitris Vitsas, elle s’est améliorée. Dans une interview à la chaîne de télévision Euronews, il a déclaré que 2 000 mineurs isolés étaient logés dans des structures d’accueil du ministère de la Solidarité sociale et 1 000 autres étaient logés dans des hôtels. Il a estimé qu’aucun d’entre eux ne se trouvaient aujourd’hui en détention.

Une affirmation que remet en cause le Conseil grec pour les réfugiés

Cette organisation non gouvernementale fait partie de ceux en Grèce qui demandent depuis des années la fin de la détention des mineurs non accompagnés. Elle estime, en se basant sur des données publiées par le Centre national pour la solidarité sociale que, début février, 82 mineurs isolés étaient encore en détention protectrice, c’est à dire pour leur propre sécurité. Or, dans un rapport publié en début d’année, le Conseil de l’Europe lui-même, a rappelé qu’il demande la fin de cette pratique, les enfants migrants isolés doivent être placés dans des centres ouverts selon lui. Sur la base d’une enquête menée en 2018, il a estimé que les efforts demandés pour mettre fin à ce type de détention n’avaient pas été faits. Il a rappelé que la police avait elle-même demandé l’établissement d’une stratégie nationale.


Texte initialement publié sur : RFI

 

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