"Ils n’en peuvent plus, leurs vies sont plus importantes que les jeux politiques". La capitaine allemande du Sea Watch 3, Carola Rackete, s'est adressée aux médias sur Twitter et au journal italien La Repubblica pour annoncer que son navire - avec 42 migrants à bord - allait entrer de force dans les eaux italiennes. Le Sea Watch 3 erre depuis 13 jours en mer en attendant le feu vert de l'Italie pour débarquer les naufragés.
Après 13 jours d’attente en mer Méditerranée, Carola Rackete a fini par prendre une décision. "Je vais entrer dans les eaux italiennes et les porter [les migrants] en lieu sûr à Lampedusa [...] Je n'ai pas d'autre choix", a déclaré la capitaine allemande du Sea Watch 3 au quotidien italien La Repubblica.
"Ils n’en peuvent plus, leurs vies sont plus importantes que les jeux politiques", a-t-elle insisté sur le compte twitter du Sea-Watch.
A 14h45, le bateau s'est donc dirigé vers Lampedusa, a annoncé l'ONG allemande sur son compte Twitter. "Je sais ce que je risque, mais les 42 migrants à bord n'en peuvent plus. Je les emmène en lieu sûr".
Dans une vidéo diffusée lundi et enregistrée le 18 juin par l'ONG, un migrant originaire de Côte d'Ivoire avait déjà lancé un appel à l'aide : "nous ne pouvons plus tenir, nous sommes comme dans une prison, parce que nous sommes privés de tout [...]. Le bateau est petit, on manque d’espace […] La température nous rend malade […] Nous demandons de l’aide à l’humanité. Aidez-nous, pensez à nous".
Seven days ago Hermann addressed the Europeans to call on their solidarity. So far the situation worsened for the 42 people still stuck on the #SeaWatch 3. Having escaped the Libyan torture prisons, the EU deprives them of their basic human rights for 12 days now. pic.twitter.com/8qDZjQYbJk
— Sea-Watch International (@seawatch_intl) 24 juin 2019
À bord du bateau battant sous pavillon néerlandais se
trouvent 42 migrants dont trois mineurs. L'Italie a déjà accepté le
débarquement de 11 personnes vulnérables (enfants, femmes, malades...), mais Rome reste ferme sur le sort des autres rescapés.L'Italie refuse de les accueillir.
Les risques : saisie du bateau et amende de 50 000
euros
"En ce qui me concerne, le Sea-Watch n'arrivera pas en Italie, il peut rester là jusqu'à Noël et le Nouvel An", a répété mardi matin le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.
Si Carola Rackete exécute sa décision et entre de force dans les eaux italiennes, la jeune allemande de 31 ans risque des poursuites pour aide à l'immigration clandestine, ainsi que la saisie du bateau et une amende de 50 000 euros conformément à un nouveau décret pris l'homme fort du gouvernement italien mi-juin. L’ONG allemande, Sea-Watch serait aussi tenue pour responsable.
Salvini dénonce une prise d’otage par les humanitaires
Matteo Salvini a accusé mardi le Sea Watch 3 de tenir les migrants "en otage" à des fins de provocation politique. "Cela fait 13 jours, ils auraient eu le temps d'aller aux Pays-Bas et de revenir", a-t-il ajouté.
Le ministre italien de l’Intérieur a demandé plusieurs fois à La Haye d’accueillir les passagers du navire humanitaire. Il accuse les autorités néerlandaises de se désintéresser du sort de ce bateau.
Les autres États européens restent muets. Aucun gouvernement n'a, pour l'heure, proposé d'accueillir le Sea Watch 3.
Des dizaines de villes allemandes se sont en revanche dites prêtes à accueillir les migrants, tandis qu’en Italie l'évêque de Turin, Mgr Cesare Noviglia, a annoncé lundi que son diocèse proposait de les prendre en charge.