Les conditions de vie des migrants en Libye seraient comparables à celles des camps de nazi, selon une note de l’ambassade d’Allemagne au Niger.
La situation "catastrophique" des migrants en transit en Libye, détenus dans des "prisons" à la merci des passeurs inquiète les autorités allemandes.
Le quotidien germanique Welt et le l’hebdomadaire Stern ont relayé une note interne de l’ambassade d’Allemagne au Niger, pays au cœur des réseaux d’émigration vers l’Europe, comparant les conditions de détention des migrants par les passeurs à celles des "camps de concentration" de l’ère nazi.
"La situation des droits de l’Homme en Libye est catastrophique"
Le porte-parole de la diplomatie allemande, Martin Schäfer a refusé lundi 30 janvier de confirmer l’existence de ce document. Il a cependant jugé que d’une "manière générale la situation des droits de l’Homme en Libye est catastrophique" en particulier pour les migrants, "les plus faibles parmi les plus faibles". Certains font l’expérience de "ces prisons privées mentionnées par la presse ce week-end et où la situation en matière des droits de l’Homme est désastreuse", a-t-il ajouté.
Un rapport d’Amnesty, publié en juillet 2016 va dans le même sens et révèle que certains réfugiés "ont été enlevés, emprisonnés sous terre pendant plusieurs mois et soumis à des sévices sexuels par des membres de groupes armés, d’autres ont été battus, exploités ou ont essuyé les tirs de passeurs, de trafiquants ou de membres de bandes criminelles", avait alors déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Un accord UE-Libye inenvisageable à ce jour
Profitant du chaos qui a suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi, des mafias de passeurs ont fait de la côte libyenne un lieu de départ privilégié pour transporter, souvent à bord de navires vétustes et dangereux des centaines de milliers de migrants africains voulant rejoindre l’Europe. La traversée de la Méditerranée est redevenue la route la plus empruntée par les migrants depuis que l’accord entre l’Union européenne et la Turquie de mars 2016 a considérablement réduit le passage via la Mer Égée.
Bien que la chancelière allemande Angela Merkel se soit prononcée en faveur d’un dialogue avec le gouvernement libyen, un accord similaire à celui avec la Turquie est dans l’immédiat inenvisageable au vu de l’incapacité des autorités à s’imposer.
Le renvoi des migrants vers la Libye sera possible « que lorsque le gouvernement d’union y sera vraiment un gouvernement d’union, qu’il aura repris le contrôle de l’intégralité de son territoire et quand on pourra y parler de respect des droits de l’Homme », a précisé Angela Merkel samedi 28 janvier dans son podcast vidéo hebdomadaire consacré au sommet européen prévu vendredi à Malte.