Sommée par le Conseil d’État, la préfecture du Nord a installé la semaine dernière des points d’eau, des douches et des sanitaires à proximité du campement de migrants à Grande-Synthe. Les associations saluent ces installations mais estiment que leur nombre reste insuffisant.
C’est une victoire pour les associations d’aide aux migrants qui leur viennent en aide dans le nord de la France. Des points d’eau, des douches et des sanitaires, ont finalement été installés par la préfecture du Nord à proximité du campement de migrants situé à côté d’un gymnase de Grande-Synthe où vivent plus de 900 personnes, majoritairement des Kurdes irakiens.
Les associations réclamaient ces installations depuis des mois et avaient même saisi le Conseil d’État qui a ordonné le 21 juin à la préfecture d’installer ces équipements "en nombre suffisant" sous un délai de huit jours.
"Une dizaine de douches pour 900 migrants, c’est trop peu"
Selon le sous-préfet de Dunkerque, Éric Etienne, joint par l’AFP, des installations sanitaires – 25 toilettes, une rampe d’eau potable de huit robinets, un lavabo et six douches – ont été mis en place vendredi 28 juin sur le terrain à proximité du gymnase.
Ces installations devaient être complétées cette semaine par la mise en place de cinq douches, quatre sanitaires, deux robinets et un urinoir complémentaire, a précisé le sous-préfet.
Les associations saluent la mise en place de ces équipements
mais estiment leur nombre insuffisant. "C’est trop peu. Même s’ils
rajoutent 15 douches, ce ne sera toujours pas assez. Une dizaine de douches
pour 900 migrants, vous imaginez ?", déclare à InfoMigrants Akim
Toualbia, président de l’association Solidarity border. "Tout le monde ne
pourra pas se doucher" continue-t-il.
De plus, selon l’association, les douches sont disponibles de 10h à 11h le matin et de 14h à 16h l’après-midi, soit seulement trois heures par jour. "Il faut augmenter le nombre de douches et allonger les plages d’horaires d’accès", signale Akim Toualbia.
Ces installations "ont créé un point de fixation"
Les associations se plaignent également que les toilettes, ouvertes 24h/24, ne disposent pas de lumière. "Les migrants ne s’y rendent pas la nuit, surtout les femmes, car elles craignent pour leur sécurité", précise le président de Solidarity border.
Enfin, une déclaration de la sous-préfecture qui assure que l’installation de ces équipements "a créé un point de fixation des personnes qui souhaitent [en] bénéficier", scandalise les membres associatifs.
"Le préfet dit que le camp est passé de 600 migrants à 900 en quelques jours mais c’est complètement faux", assure Akim Toualbia. Leur nombre est stable depuis plusieurs semaines.
"Les Irakiens sont venus en nombre à Grande-Synthe depuis que les douches sont installées, évidemment !", ironise de son côté Claire Millot, de l’association Salam, joint par InfoMigrants.
En plus des douches, des points d’eau et des sanitaires, le Conseil d’État avait ordonné à la préfecture de "mettre en place des maraudes d’information (…) à l’occasion desquelles des documents dans les langues principales, dont le sorani (un dialecte kurde), seront remis aux migrants pour les informer de leurs droits". La préfecture assure que ces maraudes sont menées tous les jours.