Le gouvernement espagnol, par la voix du ministère des Transports, a menacé le 27 juin l’ONG espagnole Open Arms d’une amende allant de 300 000 à 900 000 euros si son navire humanitaire porte secours à des migrants dans la zone de recherche et de sauvetage, au large de la Libye. L'Opens Arms n'est autorisé qu'à se rendre en Grèce pour apporter du matériel humanitaire.
Alors que l’Italie est régulièrement critiquée pour sa politique envers les navires humanitaires qui portent secours aux migrants en mer Méditerranée, Madrid élève elle aussi la voix contre les ONG en mer. L'Esapgne a en effet menacé l’ONG espagnole Open Arms d’une amende allant de 300 000 à 900 000 euros pour tout sauvetage en mer.
It's time to rain some shame on Spain. While everyone is focused on awful Italian govt crackdown on rescue NGOs, Spanish govt is threatening up to fine @openarms_fund up to 900,000 euros for any rescue at sea. Outrageous https://t.co/8J6pjCcdEE pic.twitter.com/s9S2WWD59s
— Judith Sunderland (@sunderland_jude) July 4, 2019
Le navire, bloqué tout l’hiver au port de Barcelone par
les autorités espagnoles, a été autorisé en avril à reprendre la mer pour
porter du matériel humanitaire en Grèce, mais à la condition de ne pas se
rendre dans la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone) au large de la
Libye, sous peine d’une amende pour infractions "à la sécurité maritime
ou à la gestion du trafic maritime".
"Je préfère être en prison que complice"
Dans une lettre envoyée le 27 juin à l’ONG, Benito Nunez Quintanilla, le chef de la marine marchande espagnole, rattaché au ministère des Transports, a averti Open Arms que son équipage "ne doit pas mener d’opérations de recherche et de sauvetage" en mer Méditerranée sans avoir l’autorisation des autorités compétentes, à savoir Malte ou l’Italie.
Le chef de la marine marchande avertit l’ONG que les autorités ordonneront au navire, battant pavillon espagnol, de "retourner dans un port espagnol afin de geler ses opérations s’il persiste" à secourir des migrants.
"Nous levons l’ancre et partons. Je préfère être en
prison que complice", a réagi sur Twitter le fondateur
d’Open Arms, Oscar Camps, alors que le navire mettait le cap vers les côtes
libyennes.
"Notre objectif reste, comme toujours, de protéger la vie en mer"
Dans un communiqué publié le 4 juillet, l’ONG a répondu à Benito Nunez Quintanilla en affirmant que son "objectif reste, comme toujours, de protéger la vie en mer". "Open Arms se trouve enfin là où il aurait toujours dû être, au milieu de la mer […] Ni le blocus au port de Barcelone […], ni les menaces proférées par les gouvernements espagnol et italien ne sous sépareront de l’endroit où nous devons être".
L’ONG espagnole, par la voix de son chef de mission actuellement à bord du navire humanitaire, Ricardo Gatti, rappelle dans le média en ligne espagnol eldiario.es que "le sauvetage est une obligation régie par différentes réglementations internationales", dont le droit maritime international.
Le navire humanitaire est actuellement au large de Lampedusa pour un changement d'équipage et devrait retourner dans la SAR zone dans les jours qui viennent.
Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), entre le 1er et le 28 juin 2019, près de 600 personnes sont mortes en mer Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe.