À Fréjus, le maire David Rachline, membre du Rassemblement national, a interdit depuis le début du mois, et jusqu'au 31 janvier, la circulation de "mineurs non accompagnés par une personne majeure" aux abords d'un centre d'accueil pour mineurs étrangers isolés.
À Fréjus, le maire Rassemblement national (extrême droite) David Rachline
continue d'affirmer son hostilité aux migrants. L'élu de cette ville du Var a signé le 1er octobre un arrêté imposant aux mineurs un couvre-feu
entre 22h et 6h du matin sur "certaines partie du territoire
communale". L'arrêté, consulté par la rédaction d'InfoMigrants, précise
le nom des avenues et rues concernées. Ce périmètre correspond aux alentours du
centre de vacances "Le Kangourou", où
sont hébergés depuis début juillet 35 mineurs étrangers isolés.
L'interdiction, qui court jusqu'au 31 janvier 2020, concerne
les "mineurs non accompagnés par une personne majeure" lorsque leur
"circulation nocturne est de nature à porter atteinte au bon ordre, à la
tranquillité ou à la sécurité publiques".
Dans un
courrier aux habitants daté du 7 octobre, et diffusé en ligne par l'association
Forum Républicain lundi 21, le maire justifie cette décision en évoquant des "actes délictueux et de troubles à l'ordre public" signalés par des riverains aux forces de l'ordre dans ce quartier, depuis l'arrivée des 35 mineurs.
Avec ce couvre-feu, David Rachline entend ainsi "mettre fin à cette situation" et "maintenir la sécurité et la tranquillité".
Contactée par la rédaction d'InfoMigrants, Marie José De Azevedo, présidente du Forum Républicain, a exprimé son "choc" en prenant connaissance du courrier du maire annonçant l'arrêté municipal. Pour elle, l'édile stigmatise ces mineurs. "Il fait le lien sans preuve entre des délits et ces jeunes. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a eu une bagarre impliquant deux jeunes migrants qui depuis ont été changés de centre", poursuit-elle.
Dans
un
communiqué datant du 25 septembre, David Rachline avait déjà accusé ces mineurs d'actes de violence et de vandalisme.
"Il y a quelques jours, la police nationale et la police municipale intervenaient, à Fréjus, à la suite de l’agression à l’arme blanche d’un employé dans un centre de vacances habituellement tranquille", pouvait-on notamment y lire. Le 26 septembre, le conseil municipal de Fréjus a également voté un vœu (délibération symbolique) demandant au département de "mettre fin sans délai" à l'accueil de migrants dans la commune.
En France, plusieurs villes ont déjà pris des arrêtés "couvre-feu",
un terme qu'ils rejettent parfois insistant sur l'objectif de "protection" de la mesure, invoquant régulièrement des problèmes de délinquance. Ces arrêtés, qui doivent être transmis à la préfecture, peuvent être retoqués par le préfet. L'an dernier, le Conseil d'État, saisi par la Ligue des droits de l'homme (LDH), avait également annulé
un arrêté municipal de la ville de Béziers interdisant la circulation des mineurs de moins de 13 ans non accompagnés d'une personne adulte dans la nuit. Le Conseil d'État estimait que la mesure d'interdiction n'était pas justifiée par l'existence de risques particuliers.