Amnesty International s’inquiète des chefs d’accusation pour terrorisme qui pèsent contre trois migrants accusés d’avoir détourné en mars un pétrolier qui se dirigeait vers la capitale libyenne. L’ONG demande l’abandon des charges et réclame la tenue d’un "procès équitable". Les adolescents actuellement en détention à Malte risquent la réclusion à perpétuité.
Dans une déclaration écrite, Amnesty International se dit "préoccupé par la gravité des charges retenues contre trois adolescents" soupçonnés d’être à l’origine du détournement d’un navire pétrolier le 28 mars dernier.
"Les infractions dont on les accuse semblent disproportionnées par rapport aux actes qui leur sont imputés et il n’est pas tenu compte des risques qu’ils auraient encourus pour leurs vies s’ils avaient été renvoyés en Libye", écrit l’ONG le 24 octobre. Amnesty international demande en outre la tenue d’un "procès équitable".
Fin mars, le navire marchand El Hiblu 1 qui avait porté
assistance à 108 migrants – dont 19 femmes et 12 enfants – au large des côtes
libyennes a été détourné.
Le pétrolier avait reçu un signal de détresse, et, une fois le sauvetage effectué, le navire, en route vers Tripoli, ne comptait pas changer de chemin. C’est là que les versions diffèrent. El Hiblu affirme avoir informé les rescapés de son intention de les déposer en Libye. Les migrants affirment de leur côté que l’équipage leur avait promis de ne pas les ramener sur le sol libyen.
Quelques heures plus tard, le lendemain, le navire a subitement fait demi-tour pour mettre le cap au nord. Selon le capitaine du bateau, les migrants à bord auraient forcé l’équipage à changer de cap. Faux, répond l’un des accusés. L’un des capitaines aurait accepté de lui-même de mettre le cap au nord et de se diriger vers Malte, n’ayant pas assez de carburant pour aller en Italie.
"Aucune preuve de comportement violent ou dangereux"
Le navire a finalement débarqué au port de La Valette le 28 mars, escorté par la marine. Les trois adolescents – un Ivoirien de 15 ans et deux Guinéens de 16 et 19 ans - considérés comme les meneurs ont été arrêtés et accusés d’acte de terrorisme. Ils risquent des peines de prison à perpétuité.
"À aucun moment au cours de ce voyage, les
personnes secourues n’ont commis la moindre action violente à l’encontre du
capitaine, du second capitaine ou de tout autre membre d’équipage",
signale Amnesty international.
L’ONG demande ainsi l’abandon des charges retenues contre les trois jeunes et s’interroge sur la compétence des tribunaux maltais, l’incident s’étant produit dans les eaux libyennes sur un navire battant pavillon de Palaos.
Amnesty, qui a pu rencontrer en septembre deux des accusés dans le centre pénitentiaire pour mineurs de Mtahleb ainsi que leurs avocats, estime qu’il n’existe "aucune preuve n’ayant été révélée jusqu’à présent de comportement violent ou dangereux à l’égard des personnes".