Un campement de fortune situé en bordure de la forêt de Saint-germain, dans le département des Yvelines (région parisienne) a été évacué mardi matin. Quelque 600 migrants tibétains qui y vivaient depuis l’été ont été "mis à l’abri".
Un important campement de migrants tibétains a été évacué mardi 3 décembre. Les quelque 600 personnes qui avaient trouvé refuge dans cet endroit, en bordure de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines (région parisienne), ont été mises "à l'abri", a indiqué la préfecture.
Le campement avait commencé à se former durant l’été, après le démantèlement d'autres campements sauvages dans la région. InfoMigrants avait rencontré en juillet certains des habitants qui avaient fui le Tibet.
Cette région autonome de la Chine, contre laquelle Pékin a envoyé son armée en 1959 pour mater une révolte, subit depuis des décennies la politique répressive des autorités chinoises qui n’hésitent pas à cibler les dissidents politiques présumés. Depuis 2009, le Tibet est secoué de vagues de tentatives de suicide et d’immolations par le feu perpétrées, notamment, par des moines bouddhistes, pour protester contre la domination chinoise sur le plateau de l'Himalaya.
Mardi, les femmes et hommes du campement étaient pris en charge séparément par des agents préfectoraux et des bénévoles pour être conduits par bus dans des structures en dur dans plusieurs villes du département, mais aussi à Nanterre ou en Essonne, a précisé à l'AFP le sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye, Stéphane Grauvogel. Les couples et rares familles avec enfants étaient pris en charge séparément.
Près de 800 migrants déjà mis à l’abri
Depuis 2017, près de 800 migrants ont déjà été mis à l'abri", précise la préfecture dans un communiqué. "Mais malgré l'existence de nombreuses structures d'hébergement dans les Yvelines, il est impossible d'y accueillir un nombre aussi important de personnes dans des conditions dignes", déplore-t-elle.
Les migrants se verront proposer un hébergement ultérieurement, "dans la plupart des cas hors de la région Île-de-France", indique-t-on de même source.
Le coût de l'hébergement et de l'accompagnement de ces personnes est pris en charge par l’État. Sur le terrain, la gestion opérationnelle des hébergements a été confiée à la Croix-Rouge, à l'Association des cités du Secours catholique et à l'association Equalis-ACR-La Rose des vents.
"Notre bateau est connu à Dharamsala, dans le nord de l'Inde"
Les migrants tibétains convergent vers les Yvelines depuis le début des années 2010 lorsqu’une association a commencé à leur apporter de l’aide. Aujourd’hui, la péniche "Je sers" gérée par l’association la Pierre blanche est toujours un lieu d’accueil pour les démunis. "C’est une tradition ici : on accueille ceux qui se présentent. Mais force est de constater que, depuis 2011, on accueille surtout des Tibétains", expliquait en juillet à InfoMigrants Hugues Fresneau, directeur des lieux, qui parle de nouvelles arrivées quotidiennes et incessantes.
Sur le bateau, situé à une station de RER du camp d’Achères, une cinquantaine de personnes sont hébergées, des douches sont accessibles pour les occupants et des repas chauds sont servis. "Ils viennent chez nous car notre bateau est connu à Dharamsala, dans le nord de l'Inde [siège de gouvernement tibétain en exil, NDLR]. On ne sait pas vraiment pourquoi. Notre notoriété est telle que notre président est allé rencontrer le Dalaï-Lama il y a quelques années !", poursuit-il. "On nous accuse parfois de faire de l’appel d’air mais le problème, c’est qu’il n’y a pas de prise en charge de ces personnes par l’Ofii. Elles sont complètement perdues, elles se trouvent dans un dénuement total. Et nous, nous sommes arrivés à saturation."
Pour Marc Honoré, le maire d’Achères, présent lors de l’évacuation, "il est temps que [les migrants] soient mis à l'abri. C'est inacceptable de laisser des gens dans ces conditions". "Tous les ans", le nombre de migrants tibétains dans la région "augmente et ça ne va pas s'arrêter demain", prédit-il. "La solution serait de couper la filière" clandestine qui les achemine jusqu'en France, mais en attendant "il faut les accueillir dignement", estime l'édile.