Le 01 42 500 900, le numéro d’appel obligatoire pour obtenir un rendez-vous afin de déposer une demande d’asile à Paris et en Île-de-France, est perturbé en raison du mouvement social qui touche la France depuis le 5 décembre. “Le nombre de rendez-vous possibles est en forte réduction”, prévient l’Ofii.
Déjà très difficilement joignable en temps normal, la plateforme téléphonique de l’Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) qui délivre les rendez-vous pour déposer une demande d’asile à Paris et en Île-de-France connaît de fortes perturbations depuis quelques jours en raison du mouvement social qui touche la France actuellement.
Le nombre d’appels traités et de rendez-vous octroyés a notamment drastiquement chuté les 11 et 12 décembre, dates auxquelles les services de l’Ofii ont commencé à publier des messages sur leur fil Twitter afin d’alerter les demandeurs d’asile que les répercussions de la grève se faisaient sentir.
Ainsi, pour la seule journée du 11 décembre, 231 appels ont été traités et 140 rendez-vous donnés ; puis le lendemain, le 12 décembre, seuls 160 appels ont été traités et 146 rendez-vous donnés. À titre d’exemple, au 2 décembre soit quelques jours avant le début de la grève, ce sont 337 appels qui ont été traités et 270 rendez-vous donnés.
Interrogé par InfoMigrants, Didier Leschi, le directeur de l’Ofii affirme n’avoir aucune visibilité sur la poursuite du mouvement social ou sur la réduction du nombre d’appels traités. “C’est variable tous les jours en fonction du nombre de grévistes et je n’y peux rien”, s’est-il contenté de commenter.
La plateforme d’appels est déjà sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, celle-ci n’étant, selon les témoignages de nombreux migrants, pas assez efficace au vu de l’importante demande. Lancée en 2018, elle devait permettre, en théorie, de mettre fin aux interminables files d’attente devant les Plateformes d’Accueil des Demandeurs D’Asile (PADA). Mais en pratique, chaque mois, des milliers d’appels n’aboutissent jamais et les migrants risquent ainsi de se retrouver dans l’irrégularité malgré eux puisque cette plateforme est un passage obligé pour enregistrer toute demande d’asile à Paris ou en Île-de-France.
Victoires des demandeurs d'asile et des associations devant la justice
Dès le mois de février dernier, dix associations et dix demandeurs d’asile ont déposé un référé-liberté devant le Tribunal administratif de Paris. Celui-ci avait alors enjoint au directeur de l’Ofii “de renforcer d’au moins deux agents à temps complet le dispositif d’accueil de sa plate-forme téléphonique, le nombre d’agents devant être adapté en fonction des volumes d’appels entrants non honorés.”
Des mesures qui, selon les termes du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s), “n’ont produit aucun effet”. Un second référé-liberté a donc été déposé le 19 novembre dernier, cette fois-ci par une vingtaine de migrants et treize associations. Par une ordonnance rendue le 25 novembre, “le tribunal administratif a été plus loin”, s’est félicité le Gisti dans un communiqué. Il est notamment enjoint au préfet de police, à titre provisoire, de passer de 81 à 100 “le nombre de rendez-vous pris par l’intermédiaire des SPADA dans les 12 guichets du Guda de Paris à partir du 2 décembre 2019”. Il est également enjoint à l’Ofii de “reprendre la négociation avec l’Arcep [...] afin de mettre en place une gratuité effective des appels vers sa plateforme téléphonique.”
“Si l’administration ne met pas en œuvre rapidement des mesures pour permettre aux exilés d’enregistrer leur demande d’asile dans les délais légaux, les associations se rendront à nouveau au tribunal”, a prévenu le Gisti dans son communiqué.
Le droit européen prévoit que l’enregistrement de la demande d’asile se fasse sous trois jours à dater de l'arriver du demandeur sur le sol du pays européen.