La Turquie a annoncé jeudi que 1 000 policiers "pleinement équipés" allaient être déployés à la frontière avec la Grèce. Ankara espère ainsi "empêcher" Athènes de "repousser" les migrants qui tentent d'entrer sur son territoire depuis près d'une semaine.
Le bras de fer entre la Grèce et la Turquie continue à la frontière entre ces deux pays. Ankara a annoncé, jeudi 5 mars, le déploiement d’un millier de policiers, "pleinement équipés", le long du fleuve frontalier Evros (Meriç en turc) afin "d’empêcher" Athènes de "repousser" les migrants qui essayent de pénétrer sur son sol.
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La semaine dernière, la Turquie a ouvert ses frontières avec la Grèce pour laisser passer les migrants déjà présents sur son territoire. Depuis cette annonce, des dizaines de milliers de personnes se sont massées le long de la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, essayant de passer par des postes frontaliers ou en traversant le fleuve. Certains ont fini par renoncer, comme l'a confié à InfoMigrants Khaled, un Palestinien reparti à Istanbul après avoir tenté en vain de rentrer sur le territoire grec.
35 000 migrants empêchés d'entrer en Grèce
Une guerre de communication fait rage entre les deux pays voisins. Athènes a annoncé avoir empêché ces derniers jours près de 35 000 migrants d’entrer "illégalement" sur son territoire. La Turquie accuse de son côté la Grèce d’avoir tué plusieurs migrants, ce qu’Athènes a démenti, rejetant des "fausses informations". De plus, selon le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, les forces de sécurité grecques ont "blessé 164 personnes et tenté d’en repousser 4 900 sur le territoire turc".
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Des migrants présents à la frontière et rencontrés par une équipe d’InfoMigrants sur place ont en effet expliqué avoir été repoussés par les Grecs "violemment". Ils "utilisent du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. L'un de mes camarades a même dû aller se faire soigner à l'hôpital pour une blessure reçue au bras", a déclaré Mounir, un migrant marocain.
L’Union européenne a qualifié de "chantage" la décision prise par Ankara d’ouvrir ses frontières, au moment où la Turquie est en quête d’un appui occidental en Syrie.
L’afflux de migrants vers la Grèce a réveillé en Europe la crainte d’une nouvelle crise migratoire semblable à celle qui a secoué le continent en 2015.