Le navire commercial Marina, qui a porté secours à 78 migrants en détresse en mer Méditerranée, attend depuis dimanche l'attribution d'un port sûr. Malte et l'Italie se renvoient la balle et refusent d'en prendre la responsabilité. Thies Klingenberg, le propriétaire du bateau, s'inquiète des conditions de vie des migrants et de l'équipage. Il répond aux questions d'InfoMigrants.
Dimanche 3 mai, Malte ordonne au Marina de secourir 78 migrants en détresse au large de ses côtes. Le navire de marchandises porte assistance à ces personnes mais ne se doute pas que ce sera le début d'âpres négociations. En effet, Malte refuse le débarquement des naufragés sur son sol.
À bord du bateau, qui se trouve actuellement au large de Lampedusa en attente d'instructions, la situation se tend chaque jour un peu plus.
InfoMigrants : Quelle est la situation à bord du Marina ?
Thies Klingenberg : Plus les jours passent, plus la situation s'aggrave. Des tensions commencent à apparaître entre migrants.
Ce n'est pas une surprise : ils vivent depuis plusieurs jours sur ce navire qui n'est pas équipé pour gérer ce genre de situation. Ils dorment sur le pont du bateau, à même le sol, sans couverture.
La situation est critique !
Hier, les Italiens ont apporté de l'eau et de la nourriture car l'équipage était en manque de vivres pour satisfaire tout le monde. Jusque là, le personnel distribuait ses propres denrées mais il n'avait pas prévu de devoir gérer près de 80 personnes.
Savez-vous combien de femmes et d'enfants se trouvent à bord de votre navire ?
Oui. Il y a seulement trois femmes et aucun enfant.
Les migrants sont originaires de différents pays, notamment le Bangladesh, le Maroc et la Tunisie.
Comment réagissez-vous à cette situation ?
On est complètement démunis. Je cherche des solutions auprès des autorités italiennes et maltaises mais aucun des deux pays ne veut attribuer un port au Marina pour débarquer les migrants.
Je suis scandalisé ! Il faut quand même rappelé que Malte a ordonné à l'équipage du Marina de secourir cette embarcation. Ce n'était pas de notre initiative. C'est une donnée très importante, car c'est à eux que revient de fait l'attribution d'un port sûr.
Mais une fois que le sauvetage a eu lieu, les autorités maltaises nous ont complètement laissées tomber. C'est criminel !
Nous sommes un bateau de marchandises, pas de sauvetage. Nous ne sommes pas habitués à secourir des personnes en mer, nous n'avons pas les capacités pour.
Par exemple, il n'y a pas de médecin à bord alors que six personnes ont besoin d'une assistance médicale.
Cette situation est scandaleuse. D'autant que notre compagnie perd beaucoup d'argent chaque jour qui passe. Ce navire n'est pas supposé stationner autant de jours en mer. Il faut que des solutions soient trouvées rapidement !