Des réfugiés manifestent contre les évictions en Grèce, 1er juin | Photo: picture-alliance/dpa
Des réfugiés manifestent contre les évictions en Grèce, 1er juin | Photo: picture-alliance/dpa

En Grèce, plus de 11.000 réfugiés risquent de se retrouver à la rue très prochainement. Les centres d’accueil dans lesquels ils vivent ne les tolèrent plus. Voici ce qu’il faut savoir et les adresses utiles pour ceux qui se retrouvent dans cette situation.

Les autorités grecques ont sommé des milliers de réfugiés de quitter leur logement. Depuis les 1er juin, ceux qui ont obtenu une protection internationale avant le 1er mai 2020 ne sont plus éligibles à un hébergement dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile.   

Parmi les personnes concernées, beaucoup sont considérées comme vulnérables, notamment des familles avec des enfants en bas âge, des réfugiés séniors, des personnes souffrant de problèmes de santé physique ou mentale. 

Un reportage de l’agence de presse AFP cite par exemple le cas d’une famille irakienne dont le père est en fauteuil roulant et dont la fille de 5 ans a besoin d’être nourrie par sonde gastrique. 

Au total, 11.237 personnes sont susceptibles d’être expulsées de leur logement actuel, qu’elles vivent dans des centres d’accueil, des camps de migrants ou encore des hôtels. Parmi elles, des personnes dont l’hébergement est assuré par le programme ESTIA,  (European Emergency Support to Integration and Accommodation), qui est soutenu par l’Union européenne et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

L’AFP expliquait début juin que des dizaines de réfugiés concernés ont déjà quitté leur logement. Pour le moment, aucune information sur de possibles évictions forcées ne circule. Les autorités grecques n’ont pas répondu à nos demandes d’informations sur la manière dont les évictions seront menées et si un relogement est proposé aux personnes expulsées.

Comment sont justifiées ces évictions ?

Selon les dernières données du HCR de janvier, on estime à 115.600 le nombre de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés vivant actuellement en Grèce. Ce chiffre dépasse largement les capacités d’hébergement du pays, ce qui contraint beaucoup de personnes à vivre dans la rue ou dans des camps surpeuplés.

En expulsant des réfugiés, la Grèce espère ainsi libérer des places pour loger des demandeurs d’asile qui vivent actuellement dans des camps saturés comme celui de Moria sur l’île de Lesbos.

Dans le camp de Moria les conditions de vie sont particulirement difficiles pour les enfants  Photo DWFSchmitz

Une fois qu’une personne obtient la protection internationale, elle n’est plus éligible aux hébergements prévus pour les demandeurs d’asile. "Il y a un système de soutien et de droits très différent entre un demandeur d’asile dont la demande est encore en cours d’examination et une personne qui bénéficie d’un statut de protection internationale", explique Minos Mouzourakis, spécialisé dans les questions juridiques au sein de 

A partir du moment où une personne obtient la protection internationale, "son statut légal change et leurs droits sont complètement différents." 

De plus, le délai de grâce, a été réduit de façon significative récemment. Depuis mars, une personne doit quitter son logement au bout de 30 jours après obtention de son statut de réfugié. Avant cette date, cette période était de six mois.

Des réfugiés se trouvant dans les deux cas de figure se trouvent aujourd’hui parmi les 11.000 personnes priées de quitter leur hébergement.  Mais d’après le journal grec Ekathimerini, certains réfugiés concernés par une expulsion avaient obtenu leur statut de réfugié il y a plus de trois ans.

Discrimination dans l'accès au logement

En théorie, un réfugié devrait avoir accès à la plupart des services sociaux dont dispose la Grèce. Il est aussi autorisé à travailler. Mais dans la pratique, beaucoup éprouvent des difficultés à effectuer la transition du centre d’accueil vers le "monde extérieur".

Les obstacles bureaucratiques pour bénéficier des aides de l’Etat sont difficiles à franchir.  Beaucoup de réfugiés peinent à communiquer efficacement en grec et la discrimination est très présente sur le marché de l’emploi et sur le marché immobilier.

Un réfugié du Ghana faisant partie des personnes susceptibles d’être expulsées nous a raconté via Facebook sa recherche d’un appartement. Il vit à Mytilène et bien qu’il a un emploi et dispose d’un revenu suffisant pour payer un loyer, l’homme nous a expliqué que les démarches sont très compliquées pour lui. 

Les groupes de défense des droits de réfugiés et le HCR disent s’inquiéter du sort de nombreuses personnes qui risquent de se retrouver à la rue. "Forcer des gens de quitter leur logement dans filet de sécurité et sans s’assurer de leur niveau d’autosuffisance pourrait pousser beaucoup vers la pauvreté et à devenir sans abris", a affirmé le porte-parole du HCR Andrej Mahecic la semaine dernière. 

"Je cherche … depuis plus de deux mois. Je passé au minimum deux appels par jour. Les propriétaires me refusent à chaque fois. Quand je prends le téléphone, ils me demandent parfois d’où je viens. Certains propriétaires sont désagréables et m’expliquent qu’ils ne louent pas aux migrants. D’autres m’ont refusé sans explications. Et quand je finis par décrocher un rendez-vous avec un propriétaire, il refuse de me faire visiter l’appartement en voyant ma couleur de peau. D’autres s’énervent et me demandent pourquoi je ne leur avais pas dit que j'étais un migrant d’Afrique."

Cette femme a particip  une manifestation contre les expulsions de rfugis  Athnes  Photo picture-alliancedpa

Où trouver de l’aide ?

L’Office International pour la migration (OIM) gère un programme appelé HELIOS. Ce programme soutient les personnes qui ont obtenu un statut de protection internationale en Grèce et qui se voient obligées de quitter leur centre d’hébergement.

HELIOS aide notamment dans la recherche d’un nouveau logement.  Ce programme verse aussi une aide financière pour une durée de 6 à 12 mois. Il dispose d’une capacité d’accueil de 3.500 personnes à la fois, et même si c’est peu par rapport aux milliers de personnes menacées d'éviction, des places seraient actuellement encore disponibles. 

Cliquet ICI pour tout savoir sur le programme HELIOS 


Traduction Marco Wolter

 

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