Le ministre de l'Intérieur chypriote a affirmé, mardi, avoir demandé à la police de lancer une enquête sur des accusations d'agressions sexuelles dans un centre pour migrants à Kokkinotrimithia. Des jeunes femmes hébergées dans le centre disent avoir été touchées de manière sexuelle par d'autres résidents.
Chypre se saisit d'un dossier d'agressions sexuelles dans un centre de migrants. Le ministre de l'Intérieur, Nicos Nouris, a affirmé, mardi 22 juin, avoir demandé à la police de lancer une enquête sur des accusations portées par des filles hébergées dans le centre de Pournara, à Kokkinotrimithia, à l'encontre d'autres résidents.
Les jeunes femmes disent avoir été touchées de manière sexuelle alors qu'elles faisaient la queue pour récupérer de la nourriture, a déclaré la commissaire chargée des droits des enfants à Chypre, Despo Michaelidou-Livaniou, à l'agence Associated Press.
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Ces accusations ont ensuite été relayées, lundi, par un représentant du bureau chypriote du Haut-commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR) lors d'une session parlementaire. En réaction, Nicos Nouris a assuré prendre la question ''très au sérieux'', tout en s'étonnant que le représentant onusien n'ait pas rapporté les faits présumés, vieux de quatre jours au moment de la session parlementaire, aux autorités plus tôt.Nécessité d'''espaces séparés''
Despo Michaelidou-Livaniou, de son côté, a taclé le ministre, lui reprochant de ne pas héberger les mineurs dans des espaces séparés de ceux des adultes à l'intérieur de ce centre, durant le processus visant à déterminer la minorité des migrants.
Les autorités chypriotes tentent en effet de déterminer l'âge de 16 femmes et 24 hommes résidents du centre, lesquels assurent tous être mineurs. Mais la procédure est jugée trop longue par Despo Michaelidou-Livaniou, qui estime que les filles devraient être séparées du reste du groupe durant ce laps de temps.
Le HCR a par ailleurs rappelé, dans un communiqué, que la nécessité de protéger les mineurs non-accompagnés dans ce centre via la mise en place d'espaces séparés avait déjà soulevée. Selon l'agence, le ministère de l'Intérieur chypriote n'avait pas donné suite à un projet de création d'une ''zone sûre'' dédiée aux enfants, lors de travaux entrepris pour l'agrandissement et l'amélioration des lieux. La création de cette zone était censée remédier au fait que garçons et filles partageaient notamment les douches avec les adultes et que de simples rideaux faisaient office de séparations.
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Le centre de Pournara, l’un des plus grand camps d’accueil de migrants du pays, est aujourd'hui surpeuplé avec plus de 700 personnes, alors que sa capacité d'accueil est de 350 demandeurs d’asile.
''Aucune accusation par le passé''
Face aux critiques, Nicos Nouris a insisté sur le fait qu'aucune accusation d'agressions seuxelles n'avait été rapportée par le passé dans ce centre. Selon lui, les mineurs ne font pas la queue avec les adultes à l'heure des repas, et les migrants en attente de reconnaissance de leur minorité vivent dans un espace séparé des adultes, celui des filles étant équipé d'un cadenas.
Chypre, qui fait face à un afflux de migrants, a vu son système de demandes d'asile être saturé ces dernières années. Avec une population de moins d'un million de personnes, cette petite île, divisée entre le Nord et le Sud, détient la plus grande proportion de migrants par habitant en Europe, martèlent les autorités.