Il y a quinze ans jour pour jour, le 22 juillet 2005, une soixantaine de migrants avaient été arrêtés avant d'être exécutés par les « junglers », des soldats directement rattachés à l'ex-président gambien Yahya Jammeh quand il était au pouvoir. Seuls trois rescapés de ce massacre sont connus, et pour les ONG, de nombreuses zones d'ombres subsistent.
Il fait nuit noire ce 22 juillet 2005 sur la plage de Mbour, au Sénégal, lorsqu'une pirogue lève l'ancre. A son bord se trouvent 56 migrants, principalement originaires du Ghana. Ils doivent rejoindre un bateau de passeurs ancré au large de la Gambie. Leur but : rallier l'Europe.
Mais cette nuit-là, le vent est fort et la mer démontée. La pirogue est forcée d'accoster à l'aube sur une plage en face de Banjul, la capitale gambienne. Là-bas, une trentaine de policiers arrêtent les migrants. Ils sont accusés d'être des mercenaires, venus pour renverser le président Yahya Jammeh.
Les migrants sont passés à tabac puis enfermés au quartier général de la marine. Une semaine plus tard, ils sont emmenés à bord de pick-ups vers les forêts de Casamance au Sud. La plupart sont abattus par les junglers de Yahya Jammeh. Leurs cadavres sont ensuite jetés dans des puits abandonnés qui restent encore à localiser.
Seuls trois rescapés sont connus aujourd'hui. Quinze ans après, ces survivants réclament toujours la vérité sur le massacre, comme les familles des victimes. Les victimes sont impatientes. Elles veulent un procès le plus tôt possible.