Des garde-côtes britanniques ramènent un bateau gonflable utilisé par des personnes migrantes pour traverser La Manche au port de Douvres. Crédit : REUTERS/Peter Nicholls
Des garde-côtes britanniques ramènent un bateau gonflable utilisé par des personnes migrantes pour traverser La Manche au port de Douvres. Crédit : REUTERS/Peter Nicholls

Le secrétaire d'État britannique à l'Immigration, Chris Philp, était en visite à Paris ce mardi au sujet de la hausse des traversées de migrants depuis les côtes françaises vers la Grande-Bretagne. Il a assuré que Paris partageait la volonté de Londres de rendre la Manche "impraticable" pour les traversées clandestines.

Londres et Paris sont d’accord pour rendre la Manche "impraticable" pour les traversées clandestines de migrants, a déclaré mardi 11 août Chris Philp, le secrétaire d'État britannique à l'Immigration, en visite dans l'Hexagone pour rencontrer ses homologues français.

S’exprimant depuis l'ambassade britannique à Paris à l'issue d'une réunion qualifiée de "constructive", le secrétaire d’État a ajouté qu'il était trop tôt pour se prononcer sur des engagements financiers entre les deux pays.

"Nous avons réaffirmé notre engagement partagé et inébranlable de faire en sorte que cette traversée de la Manche soit impraticable", a dit Chris Philp. "Elle est facilitée par des bandes criminelles impitoyables et met des vies en danger", a-t-il ajouté. Le responsable britannique a également évoqué un "nouveau plan opérationnel" entre les deux pays et a indiqué que la France allait nommer un coordinateur pour gérer ce dossier.

"Un problème commun"

Interrogé sur le financement de ce plan, qui doit passer par un renforcement des moyens déployés par la France pour lutter contre l'immigration illégale à la frontière maritime, le responsable politique a répondu : "Nous reconnaissons que c'est un problème commun. Si nous pouvons nous entendre sur un plan commun, nous serons évidemment prêts à le soutenir (...) avec tous les moyens nécessaires afin qu'il soit un succès".

Le journal britannique Sunday Telegraph a révélé dans sa dernière édition que le gouvernement français allait demander au gouvernement britannique de verser 30 millions de livres sterling (33,2 millions d'euros) pour assurer les contrôles de la Manche.


Quelques heures avant la rencontre organisée ce mardi à Paris, le sous-secrétaire d'État à la Santé Edward Argar avait déclaré que Londres réclamait une souplesse accrue pour reconduire les immigrants clandestins vers la France, en jugeant trop rigide le règlement de Dublin, qui régit au sein de l'Union européenne le dispositif de demande d'asile.

Un ancien du corps britannique de l'infanterie de marine, Dan O'Mahoney, a été nommé, dimanche 9 août, par la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, au poste nouvellement créé de commandant chargé de la menace que représentent les migrants clandestins dans la Manche. Il aura pour "responsabilité principale de rendre la Manche impraticable pour les traversées de petites embarcations", a indiqué le ministère de l'Intérieur britannique dans un communiqué.

Des centaines de passages réussis 

Profitant d'une accalmie, en raison du confinement, dans cette zone maritime ultra-dense, quelque 4 000 migrants répartis sur 300 embarcations ont réussi depuis le début de l'année cette traversée, selon des chiffres de la BBC. Qualifié d'extrêmement périlleux, le passage par la Manche est aussi très rentable pour les passeurs.

Mettant à profit une météo et des conditions de mer favorables, plusieurs centaines de personnes, dont des enfants et des femmes enceintes, ont franchi ces derniers jours les 33 kilomètres séparant les côtes françaises et anglaises à bord de petites embarcations.

La question des traversées de migrants est depuis longtemps au menu des discussions entre la France et le Royaume-Uni. Récemment, les deux puissances ont mis en place des stratégies d'action commune : un plan de lutte contre les traversées maritimes illégales - en cours de finalisation - visant à renforcer les moyens de contrôle sur les côtes et en amont des principaux points de passage, et une "cellule franco-britannique de renseignement".

À l'occasion de la mise en place de cette cellule, le mois dernier, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin avait rappelé à son homologue britannique avoir besoin de "moyens supplémentaires".

 

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