En 2014, les dossiers de demande d'asile avaient plus de 80% de chances d'être instruits sous six mois par l'administration britannique. Un chiffre tombé à 20% fin 2019. Le gouvernement justifie ces délais d'attente rallongés par "le très grand nombre de dossiers complexes" qu'il a reçu ces derniers temps.
Au Royaume-Uni, les délais d'attente pour les dossiers de demande d'asile atteignent des records, selon la BBC qui s'est procurée des données officielles. Ainsi, sur les trois derniers mois de l'année 2019, quatre demandeurs sur cinq devaient attendre plus de six mois pour que leur dossier soit instruit. Ils étaient seulement un sur cinq il y a six ans. À la fin juin cette année, sur les près de 43 000 demandes d'asile en attente dans le pays, quelque 17 000 personnes patientaient depuis au moins un an.
Le Home Office, équivalent britannique du ministère de l'Intérieur, affirme avoir reçu "un très grand nombre de dossiers complexes" ces derniers temps, ce qui explique que les retards s'accumulent. Avec 45 000 demandes déposées, "2019 a été une année record depuis 2003", confirme Peter Walsh de l'observatoire des migrations de l'université d'Oxford, cité par la BBC. La majorité des candidats à l'exil sont originaires d'Iran, d'Irak ou d'Albanie.
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Les retards de traitement des dossiers ont un impact direct sur le quotidien des migrants qui ne sont pas autorisés à travailler pendant l'instruction et doivent survivre avec une allocation d'à peine plus de 5 livres sterling (5,60 euros) par jour. Ils sont, la plupart du temps, hébergés dans des hôtels ou des appartements partagés.
Après plus d'un an d'attente, il est toutefois possible de demander une autorisation de travailler mais celle-ci n'ouvre qu'à un nombre d'emplois limités, figurant sur une liste des pénuries établie par le gouvernement.
"La recette parfaite pour fabriquer des personnes avec des problèmes de santé mentale"
Avec la crise sanitaire et les mesures de confinement, la vie quotidienne est devenue encore plus compliquée pour les demandeurs d'asile en Angleterre. "On demande à des personnes de rester dans une chambre avec 5 livres sterling par jour, sans possibilité de se déplacer ou encore d'accéder à internet pour s'occuper", raconte Farzin, un exilé iranien interrogé par la BBC. "C'est la recette parfaite pour fabriquer des personnes avec des problèmes de santé mentale."
Nombre d'associations outre-Manche réclament le droit, pour les demandeurs d'asile, de travailler afin de s'intégrer dans le pays mais aussi dans le but de contribuer aux efforts nécessaires pour sortir de la crise sanitaire et économique due au coronavirus.
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Un porte-parole du Home Office a indiqué à la BBC que "des nouvelles normes" étaient à l'étude, sans donner plus de précisions. Il assure également que l'administration fait son maximum pour traiter les dossiers "sans retards inutiles" et pour que "ceux qui ont besoin d'une protection puissent l'obtenir le plus tôt possible et démarrer la reconstruction de leur vie".
Le Royaume-Uni doit sortir du pacte migratoire européen, régi notamment par le règlement Dublin 3, au 31 décembre. Londres compte, après cette échéance, conclure des accords bilatéraux avec les différents pays de l'Union européenne afin de pouvoir renvoyer des migrants plus facilement vers le premier pays qu'ils ont foulé sur le Vieux continent.