En mars 2020, trois policiers portugais ont frappé à mort un migrant ukrainien dans le centre de rétention de l’aéroport de Lisbonne. Les accusés ont été condamnés à des peines de prison ferme. Ils ont fait appel du verdict.
Trois inspecteurs de la police des frontières portugaises ont été condamnés, lundi 10 mai, à des peines de sept à neuf ans d'emprisonnement pour avoir frappé à mort un immigré ukrainien, dans un centre de rétention de l'aéroport de Lisbonne, en mars 2020.
La victime - un Ukrainien de 40 ans - a été agressée dans le centre d'accueil temporaire de l'aéroport de Lisbonne, après être arrivé au Portugal, par avion, deux jours plus tôt, en provenance de Turquie, où il devait être reconduit. Battu "à coups de poings et de pieds", l'homme avait été laissé allongé et menotté dans le dos par les trois policiers avant de succomber, peut-on lire dans le quotidien portugais Jornal de Noticias. "Après le départ [des policiers], la victime était prostrée, inconsciente et souffrait", a déclaré le juge Rui Coelho, lors de l'annonce du verdict dans un tribunal de la capitale portugaise.
Les tentatives de réanimation effectuées quelques heures plus tard ont été vaines.
L'affaire avait mis en lumière des dysfonctionnements au sein du Service des étrangers et des frontières (SEF) qui gère le centre de rétention, poussant le gouvernement à décider de réformer cette institution pour lui retirer ses compétences policières.
Les condamnés font appel
"La mort d'Ihor Homeniuk a été la conséquence directe de la conduite des accusés, qui avaient le devoir d'agir différemment", a ajouté le juge Rui Coelho.
"Ce jugement est un pas en avant. (...) Justice a été rendue, elle servira d'exemple", s'est félicité l'avocat de la famille de la victime, José Gaspar Schwalbach.
Le tribunal n'a pas retenu l'accusation de meurtre aggravé pour laquelle comparaissaient initialement les trois policiers du SEF, mais il les a condamnés pour "atteintes à l'intégrité physique aggravées par le fait d'avoir provoqué la mort". Il n’y a pas eu préméditation selon le tribunal. "Ils ont agi ‘excités par le but’ de le frapper, lui causant suffisamment de dégâts pour lui faire comprendre qu'il devait être 'calme' et 'silencieux'", a insisté le juge.
"C'était important que la justice reconnaisse qu'il n'y a pas eu homicide", a réagi pour sa part Ricardo Sa Fernandes, représentant de l'un des accusés, qui feront tous les trois appel de la décision rendue lundi.