Le camp de Mavrovouni, à Lesbos. crédit : Reuters
Le camp de Mavrovouni, à Lesbos. crédit : Reuters

La campagne de vaccination contre le coronavirus débute ce jeudi dans les îles grecques de Samos, Lesbos et Chios. Les migrants pourront bénéficier d'une seule injection grâce au vaccin Johnson & Johnson. Seuls 15 % de la population migrante souhaitent, pour l'heure se faire vacciner. La faute à un manque de communication de la part des autorités grecques, déplore MSF.

La campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé jeudi 3 juin dans les camps de migrants des îles grecques de Lesbos, Samos et Chios, en face de la Turquie, a annoncé mercredi 2 juin le responsable du ministère des Migrations, Manos Logothetis.

Les premières vaccinations se feront dans le camp de Mavrovouni, aussi appelé Moria 2.0, sur l’île de Lesbos, dans le camp de Vial, à Chios, et dans le camp de Vathy, à Samos. C'est Eody, la structure grecque de santé publique (dépendante du ministère de la Santé) qui sera en charge de la campagne. "Il devrait y avoir 50 vaccinations par jour, chaque jeudi et vendredi", détaille Dora Vangi, chargée de communication pour Médecins sans frontières (MSF) en Grèce. "La vaccination s'étalera sur plusieurs semaines jusqu'à ce que tout le monde soit vacciné."

"Johnson & Johnson, un choix judicieux"

"La vaccination se réalisera avec le sérum de Johnson & Johnson avec un personnel spécialement envoyé d'Athènes", a également précisé Manos Logothetis dans une interview accordée à l'agence de presse grecque ANA.

"Le choix de Johnson & Johnson est judicieux. C'est un vaccin qui ne nécessite qu'une seule dose, c'est un bon choix pour une population qui est souvent sur la route, qui se déplace beaucoup", a ajouté Dora Vangi de MSF.

Selon Manos Logothetis, seuls 15 % des demandeurs d'asile se sont portés volontaires pour se faire vacciner. "Si on estime que 30 % des migrants ont moins de 18 ans et que 30 % encore a déjà été malade, la route vers l'immunité des demandeurs d'asile en vaccinant tous ceux qui ont besoin de se faire vacciner sera courte et nous réussirons", a cependant tenu à rassurer Manos Logothetis.

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Manque d'information sur les enjeux de la vaccination

Selon Stephan Oberreit, chef de mission pour MSF actuellement à Lesbos, la réticence de la population réfugiée à se faire vacciner s'explique par un manque de communication en amont. "Cette vaccination était attendue depuis longtemps [...] Mais le gouvernement n’a pas suffisamment informé sur les enjeux et sur l'importance du vaccin. Que ce soit pour le Covid ou la rougeole, il faut, dans toute campagne de vaccination, faire un travail de promotion de santé. Et ce travail là n’a pas été suffisamment fait. Ce qui pourrait expliqué qu'il y ait si peu de volontaires", dit-il à InfoMigrants.

Les camps des îles du nord de la mer Égée accueillent près de 9 400 personnes, d'après le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU.

Les conditions de vie et le manque d'hygiène dans les structures où les exilés doivent séjourner le temps que leur demande d'asile soit étudiée continuent d'être régulièrement décriés par les défenseurs des droits humains.

Au mois de mai, des migrants avaient refusé de se faire vacciner pour protester contre leurs conditions de vie alors qu'une trentaine de personnes avaient été testées positives au Covid dans le camp de Mavrovouni, à Lesbos.

Mais tout au long de la pandémie causée par le coronavirus, ce sont surtout les restrictions dans les déplacements et l'enfermement des demandeurs d'asile qui ont été dénoncés par les ONG.

Alors que la population grecque a été déconfinée à plusieurs reprises depuis mars 2019, les migrants ne l'ont jamais été vraiment. Ils ne sont autorisés qu'à sortir au compte-gouttes, quelques heures par semaine et après avoir obtenu le feu vert de la direction du camp.

L'accès aux humanitaires dans les camps et la scolarisation des enfants réfugiés ont aussi été rendus difficiles dans ce contexte. 

 

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