Les migrants du jardin Villemin ont finalement été pris en charge par les autorités. Crédit : Utopia 56
Les migrants du jardin Villemin ont finalement été pris en charge par les autorités. Crédit : Utopia 56

Les autorités ont mis à l’abri, jeudi matin, 546 migrants, dont 16 personnes vulnérables qui occupaient depuis dimanche le jardin Villemin, dans le 10e arrondissement de Paris. Les associations se disent satisfaites mais restent vigilantes sur d’éventuelles remises à la rue.

"On a gagné". Le collectif Solidarité migrants Wilson (SMW) a annoncé tôt, jeudi 3 juin, la mise à l’abri de 523 migrants par les autorités. La préfecture d’Ile-de-France parle, elle, de 546 personnes, dont 16 vulnérables (familles, femmes, mineurs).

Ces exilés occupaient depuis dimanche le jardin Villemin, dans le 10e arrondissement de Paris. Ils n'avaient pas eu accès à un hébergement d’urgence suite à une manifestation place de la République, le dimanche 30 mai. Ce jour-là, près de 500 personnes avaient été prises en charge par l’État mais environ 700 étaient restées sur le carreau. Une partie était retournée dans les campements du nord de la capitale et le reste s’était installé au jardin Villemin.

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Crainte d'un retour à la rue

Après quatre nuits dans le parc, les migrants ont été orientés, jeudi matin, vers le Paris Event center, une hall d'expositions de la porte de la Villette, Ils "bénéficieront très prochainement d’un accompagnement social, sanitaire et administratif afin d’être orientées vers des hébergements adaptés à leur situation", indique la préfecture dans un communiqué.

"Une bonne nouvelle" pour Yann Manzi, fondateur de l'association Utopia 56, qui a passé ses nuits aux côtés des exilés du jardin Villemin. Cependant, l’activiste reste prudent et "va suivre la situation de près" pour éviter d’éventuelles remises à la rue, à l’issue de l’examen de leur situation administrative par les autorités.

Une crainte partagée par les migrants. "J'ai plusieurs fois été envoyé dans des hébergements d'urgence mais c'est toujours une solution temporaire. À chaque fois, j'ai dû retourner dans la rue", expliquait à InfoMigrants Kami, un Somalien de 29 ans rencontré dans le parc.

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Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), a douché les espoirs des militants et des exilés, précisant que les demandeurs d’asile seront "orientés en régions" mais que les "étrangers en situation irrégulière ne relèveront pas" d’une prise en charge. Les déboutés du droit d'asile et les dublinés seront probablement bientôt de retour dans les rues. Les réfugiés statutaires, ne sachant pas comment trouver un hébergement, devraient, eux aussi, retrouver les trottoirs parisiens.

Environ 300 migrants encore à la rue

Par ailleurs, Utopia 56 rappelle que l’évacuation de ce matin n’a pas permis la mise à l’abri de tout le monde : environ 300 personnes vivent encore dans les rues du nord parisien ou dans des squats.

"Si rien n’est fait pour ces gens, on sera obligé de reprogrammer des actions", prévient Yann Manzi. "On retournera dans un jardin, mais cette fois on investira les quartiers un peu plus chics".

Les associations réclament la remise à plat du dispositif d’hébergement "qui, manifestement, ne fonctionne pas", et la mise en place d’une "véritable politique d’accueil". Elles rappellent également que 400 000 logements sont laissés vacants dans la capitale.

Depuis janvier, 2 733 personnes ont été hébergées par les autorités suite aux opérations du collectif Réquisitions, qui ont investi successivement une école maternelle désaffectée du 16e arrondissement, l'Hôtel-Dieu, le gymnase Japy dans le 11e arrondissement et, à deux reprises la place de la République.

 

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