Les autorités libyennes ont tenté par tous les moyens, mercredi 30 juin, d'arrêter un canot transportant des migrants au large de l'île italienne de Lampedusa. En usant d'armes à feu notamment.
Pour intercepter les migrants en mer, les garde-côtes libyens font désormais usage de leurs armes. C’est ce qui est arrivé mercredi 30 juin en début d’après-midi, à un groupe de 45 personnes, "parmi lesquelles beaucoup d’enfants", dont l’embarcation se trouvait à 35 miles nautiques de Lampedusa, a rapporté Sea-Watch sur son compte Twitter.
La scène, filmée par l’organisation depuis son avion de surveillance Seabird, montre le bateau libyen s’approcher tout près de l’embarcation en bois, et tirer dans l’eau à balles réelles. Malgré les coups de feu, le canot continue sa route. "Après ces tentatives ratées, les garde-côtes libyens ont attaché une longue corde à leur moteur sur laquelle était accrochée une bouée", détaille Sea-Watch à InfoMigrants.

Le bateau tourne plusieurs minutes autour des migrants, "dans l’espoir d’harponner leur canot". À de nombreuses reprises, il tente également de le percuter à toute vitesse. Une fois positionné à quelques mètres seulement, la vidéo fournie par Sea-Watch montre les garde-côtes lancer de nombreux objets sur les passagers. En vain.
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Au bout d’1h30, les autorités libyennes abandonnent, et bifurquent au sud. Le bateau des migrants poursuit vers le nord. Il est finalement arrivé sur l’ile italienne de Lampedusa un peu plus tard dans la nuit.
"Une violence jamais vue"
Alerté par Sea-Watch, le Centre de coordination de secours de Malte (MRCC) a fait savoir que ses équipes "enquêtaient" sur ce qu’il s’était passé, mais a "raccroché" quand l’ONG leur a rappelé "que les refoulements des garde-côtes libyens étaient illégaux".
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"En Méditerranée centrale, tirer à balles réelles sur les migrants n’est pas nouveau, déplore Félix Weiss, membre de Sea-Watch. En 2019, nous avions assisté à une scène similaire, où les autorités libyennes avaient là aussi jeté des objets, foncé sur le bateau des migrants pour les faire chavirer, et tiré un long câble métallique pour tenter de l’enrouler autour de leur petit moteur. Mais ce qui s’est passé cette fois est encore plus brutal. C’est d’une violence que nous avons jamais vue jusqu’ici".