Au moins 14 corps ont été trouvés sur une plage de Zaouia entre le 2 et le 3 juillet 2021. Crédit : Croissant-rouge libyen.
Au moins 14 corps ont été trouvés sur une plage de Zaouia entre le 2 et le 3 juillet 2021. Crédit : Croissant-rouge libyen.

Les corps de 14 migrants ont été retrouvés ce week-end sur une plage de Zaouia, à l’ouest de Tripoli, a indiqué samedi la porte-parole de l’OIM. Les tentatives de traversées explosent au début de l’été depuis les côtes d’Afrique du Nord.

"Un sinistre rappel que de nombreuses personnes sombrent en silence en Méditerranée dans des naufrages invisibles, en l'absence d’un service de recherche et de sauvetage efficace et responsable." C’est avec ces mots que Safa Msehli, la porte-parole de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a annoncé la découverte de plusieurs corps en fin de semaine dernière sur une plage de Zaouia, à l’ouest de Tripoli.

Samedi 3 juillet, la porte-parole affirmait que les cadavres d'un enfant et d'une femme se trouvaient parmi les victimes.

De nombreux naufrages ont lieu en mer sans jamais être répertoriés. Les bateaux humanitaires sont dans l'incapacité de secourir toutes les embarcations qui s'aventurent dans l'immensité de la Méditerranée. Il n'est donc pas rare que des corps, ramenés par les courants, s'échouent sur les plages de Libye.

Le 26 mai, plusieurs corps de bébés et d'enfants avaient déjà été retrouvés sur une plage de Zouara, à l'ouest de la Libye.

Ce nouveau drame s’inscrit dans une période de très nombreux départs depuis la Libye. Au cours de la semaine passée, l’Ocean Viking de SOS Méditerranée a effectué cinq sauvetages d’embarcations de migrants au large des côtes libyennes. Dimanche soir, le navire avait 572 personnes à bord.

Par ailleurs, 130 personnes ont été interceptées en mer samedi par les garde-côtes libyens et ramenés à Tripoli. En tout, plus de 14 000 personnes ont été interceptées en Méditerranée depuis le début de l’année et envoyées en détention en Libye.

Selon un décompte réalisé par l’OIM, le nombre de personnes interceptées au cours de la première moitié de l’année 2021 dépasse celui de l'ensemble de l'année 2020. Par ailleurs, depuis le début de 2021, 201 morts et 490 disparus ont été enregistrés.

Dégradation des conditions de vie en Libye

Dans un récent communiqué, Médecins sans frontières (MSF) faisait également part de sa préoccupation au sujet des migrants détenus dans les camps libyens. "Depuis février dernier, nos équipes ont constaté une augmentation de la violence à l'encontre des migrants et des réfugiés détenus dans les centres en Libye. De nombreux patients témoignent de tortures et de passages à tabac brutaux commis par les gardes", souligne l’ONG.

En raisons de cette violence en hausse, MSF avait décidé en juin de suspendre ses activités dans deux centres de détention de Tripoli. "Au moins trois incidents violents" en l'espace d'une semaine ont eu lieu dans le centre d'Al-Mabani et d'Abu Salim, où s'entassent près de 3 000 migrants, avait déclaré l'ONG. Le 17 juin, dans la première prison, "les équipes ont été témoins de violences perpétrées par les gardes, notamment du passage à tabac indiscriminé de personnes qui tentaient de quitter leur cellule pour des consultations avec des médecins de MSF".

>> À (re)lire : En Libye, "les garde-côtes sont complices des trafiquants"

La nuit précédant leur venue, des tensions avec les gardiens ont fait plusieurs blessés. MSF a dû traiter 19 personnes "souffrant de blessures causées par les coups, notamment des fractures, des coupures, et des traumatismes contondants", peut-on lire dans le communiqué. Par ailleurs, un enfant non-accompagné a été blessé au niveau de ses chevilles, l'empêchant de marcher.

Dans la prison d'Abu Salim, l'ONG affirme que des armes ont été utilisées contre des exilés le 13 juin, "faisant plusieurs victimes".

 

Et aussi