Cédric Herrou demande à la préfecture des Alpes-Maritimes d'accélérer la pris en charge des demandeurs d'asile à Nice. Crédit : Mehdi Chebil
Cédric Herrou demande à la préfecture des Alpes-Maritimes d'accélérer la pris en charge des demandeurs d'asile à Nice. Crédit : Mehdi Chebil

La plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (PADA) à Nice est saturée. Pourtant, une PADA est une étape indispensable pour obtenir un rendez-vous à la préfecture, premier pas de la demande d’asile en France.

"On est clairement à la limite de nos possibilités. Normalement, on reçoit les gens sans délai, mais s’il y en a une soixantaine devant la porte, on en prend dix et on dit aux autres de revenir, ce qui pose une autre question, celle de l’hébergement". La déclaration alarmiste est de Jean-François Ploquin, directeur général de Forum Réfugié, association qui sert de plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (PADA) à Nice.

Forum Réfugié recevait en moyenne 70 personnes par mois en 2016 ; il faut compter le double aujourd’hui. Le collectif est débordé. Le passage par une PADA est pourtant une étape cruciale sur la route du migrant. Une PADA travaille pour le compte de l’État français et sert à enregistrer le dossier du demandeur d'asile. Ce dernier ne peut pas aller directement à la préfecture ou à l’Ofpra (office français pour les réfugiés et apatrides) sans être passé, au préalable, par une PADA.

Face à la saturation du centre, les migrants patientent donc dans la rue. Une soixantaine d'entre eux, arrivés mercredi 24 mai de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, a passé la nuit sur les marches du palais de justice de Nice. Auparavant, ils avaient manifesté pour le traitement de leurs demandes d'asiles et aussi réclamer un hébergement d'urgence.

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"Ce n’est pas aux citoyens de s’occuper des migrants"

"Au Pada, on enregistre leurs demandes mais il y a un mois d'attente", a expliqué Cédric Herrou, membre le plus connu de l’association Roya citoyenne, qui a accompagné les dizaines de migrants à NIce. Où dormir pendant ce laps de temps ? Pour de nombreux sympathisants de l'association, l’État se défausse sur la société civile. "Ce n’est pas aux citoyens de s’occuper des migrants", évoquait une manifestante, mercredi.

"La préfecture doit ouvrir un centre d'accueil et d'orientation (CAO) ou les dispatcher ailleurs et leur fournir un hébergement", tonne encore Cédric Herrou. Le directeur de Forum Réfugié demande lui aussi l’aide de l’État. "On est en relation avec les services de la préfecture pour trouver une réponse adaptée à ce flux extraordinaire", a expliqué François Ploquin.

Chez les politiques également, on somme la préfecture de trouver une solution le plus rapidement possible. "On demande au préfet de réquisitionner du personnel d’astreinte pour enregistrer les demandes, ou de trouver une solution pour héberger et nourrir ces personnes", a appelé l’ex-militant PS David Nakache, sympathisant de Roya Citoyenne.

"Le préfet ne peut pas éternellement se défausser sur les citoyens et les associations. On a un président de la République qui pendant sa campagne a dit qu’il fallait accueillir dignement les réfugiés. Il doit passer des promesses aux actes", a-t-il déclaré.



 

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