Quelques semaines après la fin des Jeux Olympiques, place aux Paralympiques à Tokyo. Cette année, six réfugiés, de quatre nationalités différentes, défendront les valeurs des 12 millions de déplacés dans le monde porteurs d'un handicap.
Lorsqu'Abbas Karimi monte sur la seconde marche du podium des Championnats du monde de paranatation de Mexico en 2017, le jeune homme a du mal à contenir son émotion. "J'essayais de sourire mais mes lèvres tremblaient, tout mon corps tremblait aussi, confie-t-il au Comité paralympique. À cet instant, je me rends compte que je représente 80 millions de personnes déplacées dans le monde entier".
À Tokyo cette année, le nageur afghan de 24 ans, né sans bras, aura à nouveau à cœur de défendre leur image, et surtout celle des 12 millions de réfugiés porteurs d’un handicap.
Jusqu’au 5 septembre, Abbas Karimi et les cinq autres athlètes de l’équipe concourront sous l’égide du Comité international paralympique (CIP). "Leur participation contribuera à lutter contre la stigmatisation et les perceptions négatives à l’encontre des personnes déracinées, notamment celles qui présentent un handicap", a assuré pour sa part le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) dans un communiqué.
"Un exemple à suivre"
La seule femme de l'équipe est l’athlète Alia Issa, 20 ans, réfugiée syrienne installée à Athènes et spécialiste du lancer de massue. En participant aux Jeux Paralympiques, elle souhaite devenir une source d'inspiration pour d'autres femmes réfugiées vivant avec un handicap. "Ne restez pas à la maison, essayez tous les jours de faire du sport, soyez dehors, dans le monde. J'espère être un premier exemple à suivre", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.
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Son compatriote Ibrahim Al Hussein, 32 ans, qui vit lui aussi dans la capitale grecque, défendra les couleurs du CIP en natation. Un troisième réfugié syrien, Anas Al Khalifa est engagé, lui, dans la discipline du canoë. L’athlète de 28 ans est en partie paralysé depuis une chute d’un immeuble de deux étages, alors qu’il installait des panneaux solaires sur un immeuble en Allemagne. Le jeune homme avait rejoint le pays après un périple à travers la Turquie et la Grèce.
Dans l’épreuve du lancer de disque, l’équipe pourra compter sur Shahrad Nasajpour, 31 ans. Le réfugié iranien vit aujourd’hui à Phoenix, aux États-Unis. À Tokyo, l’athlète, né avec une paralysie cérébrale, s'engage dans ses secondes olympiades, après Rio en 2016.
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Dans les sports de combat, c’est un taekwondoïste, Parfait Hakizimana, qui représentera le groupe. Le Burundais a perdu l'usage de son bras gauche en 1996, alors qu'il n'a que 8 ans. Ce jour-là, une attaque a lieu dans le camp de déplacés internes où il vit avec sa famille. Sa mère est assassinée, lui est touché par une balle.
Le taekwondo, qu’il découvre dans le camp à l’âge de 16 ans, le poussera à surmonter cette épreuve. Depuis octobre 2015, Parfait Hakizimana vit et s’entraîne dans le plus grand camp de réfugiés du Rwanda, à Mahama, où sont installées plus de 60 000 personnes.
À Tokyo, nul doute que le taekwondoïste fera tout pour monter sur le podium. Même si d'après sa coach, Zura Mushambokazi, "après toutes les choses qu'il a surmonté, quoi qu'il arrive, il a déjà gagné".