Des garde-frontières polonais surveillent un groupe de migrants à la frontière avec la Biélorussie près du village d'Usnarz Gorny, en Pologne, le 18 août 2021. Crédit : Reuters
Des garde-frontières polonais surveillent un groupe de migrants à la frontière avec la Biélorussie près du village d'Usnarz Gorny, en Pologne, le 18 août 2021. Crédit : Reuters

D'après une association sur place, une femme de 52 ans est "sur le point mourir devant ses cinq enfants" à la frontière polono-biélorusse. Coincés entre les garde-frontières polonais et les autorités biélorusses, le groupe de 32 exilés tente de survivre depuis plus de quinze jours dans un camp de fortune.

La situation s’aggrave de jour en jour à la frontière polonaise avec la Biélorussie. Une femme de 52 ans est "sur le point de mourir devant ses cinq enfants", a alerté mercredi 25 août la fondation Ocalenie ("Secours" en polonais), sur place. Selon la porte-parole de l'association Kalina Czarnog, elle souffre de troubles respiratoires et néphrétiques.

Cette exilée fait partie d’un groupe d’une trentaine de migrants afghans, bloqués dans cette zone depuis plus de 15 jours. Pris dans une bataille politique entre Varsovie et le régime d’Alexandre Loukachenko, les migrants survivent dans un campement de fortune, coincés entre les militaires polonais et les garde-frontières biélorusses. Le gouvernement polonais maintient que ces personnes se trouvent du côté biélorusse de la frontière, et que Minsk est le seul responsable de cette situation. Il souligne également qu'un convoi humanitaire dépêché par la Pologne sur un poste frontalier n'a pas été accepté par Minsk.

En attendant, l'état de santé de la majorité des exilés, qui "mangent du pain sec donné par les garde-frontières et boivent l'eau sale d’un canal", se détériore rapidement, à fait savoir la fondation Ocalenie.


Un exilé appelle à l'aide à le frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit : 
Mikołaj Kiembłowski/Twitter
Un exilé appelle à l'aide à le frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit :
Mikołaj Kiembłowski/Twitter


D'autant plus que les activistes ne sont pas autorisés à entrer en contact direct avec les migrants. Seules solutions pour les associations : communiquer avec eux via des pancartes et des mégaphones, souvent brouillés par la police. Impossible donc de leur fournir de quoi manger, ou des équipements nécessaires pour tenir par un temps toujours plus froid et pluvieux.

La barrière de sécurité est infranchissable : le député polonais Franek Sterczewski a tenté de la passer. Dans une vidéo tournée par la télévision, on voit le parlementaire, un grand sac plastique à la main, courir au milieu du cordon de sécurité pour apporter des vivres, des couvertures et des médicaments aux exilés.


Sur Twitter, il a appelé "tous les députés et membres du Parlement à se joindre à [lui] pour Usnarz Górny". "Lorsque le gouvernement polonais viole la Constitution, le droit international et les droits de l'homme, il ne peut pas rester silencieux. Ne soyons pas indifférents !". Dans une autre publication, Franek Sterczewski prévient : "si le gouvernement ne respecte pas immédiatement la loi, ce sera une tragédie. Il est dans l'intérêt de tous de mettre fin au plus vite au blocus de ces personnes et de traiter leurs demandes de protection internationale. Nous perdons du temps".

Une journaliste du quotidien polonais d’opposition Gazeta Wyborcza, présente sur place, assure avoir "des preuves de violations du droit international". "Dimanche 22 août, nous avons vu des étrangers arrêtés par les garde-frontières et emmenés dans une direction inconnue. Il s’agit des mêmes personnes qui avaient déposé une demande d’asile une dizaine d’heures plus tôt au poste-frontière de Szudzialowo. Ils disent avoir été renvoyés de cette façon à de nombreuses reprises ces deux dernières semaines", relaie le Courrier International.

Une situation qui a fait réagir de nombreuses institutions internationales, à l’instar de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Dans un communiqué publié le 25 août, elle exige des autorités polonaises qu'elles "fournissent à tous les demandeurs de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des soins médicaux adéquats et si possible, un abri temporaire", "en application de l’article 39" de son règlement. Ce rappel à l’ordre s’applique également à la Lettonie, qui refuse elle aussi d’accueillir les migrants coincés à la frontière biélorusse.

 

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