En 10 jours, près de 2 600 ressortissants afghans ont été évacués de Kaboul vers Paris. Vérification d’identité, mise en quarantaine, relocalisation... L’Ofii, l’Office français en charge de leur intégration, affirme suivre de près ces nouveaux arrivants. "Ce qui importe désormais, c’est de les accompagner sur le chemin de l’autonomie", explique Didier Leschi, le directeur général de l’Ofii.
Il y aura eu 15 vols au total. Entre le 16 août et le 27 août, le pont aérien mis en place par la France, aura permis d’évacuer en urgence 2 600 ressortissants afghans menacés par les Taliban. Les dernières liaisons aériennes ont pris fin dans la nuit de vendredi à samedi 27 août. "Le dispositif spécial mis en place à Roissy-Charles-de-Gaulle est désormais complètement démonté", assure Didier Leschi, le directeur général de l’Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration).
Pendant dix jours, des associations, des agents français, des interprètes ont été mobilisées sur le tarmac de l'aéroport parisien pour l'accueil de centaines d'Afghans qui descendaient chaque jour des avions. Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile, présente à Roissy, a raconté au Figaro l'aspect humanitaire du dispositif. De nombreuses familles, des femmes et des enfants étaient présents. "On leur propos[ait] d’abord un répit : dormir, manger, changer de vêtements, quand on n’a plus rien, on ne pense qu’à ça", explique-t-elle.
Selon Didier Leschi, le profil des personnes secourues ces derniers jours n'est pas le même que les demandeurs d'asile afghans venus en France ces dernières années. "Ce sont essentiellement des personnes de la société civile urbaine, anciens fonctionnaires, journalistes, artistes, réalisateurs, comédiens". Des personnes qui, comme beaucoup d’autres restés sur place "sont le plus susceptibles d’être en danger" face aux Taliban.
"Vérifications d'identité"
Outre l'aspect humanitaire, les 2 600 Afghans arrivés à Paris ont été soumis à une batterie de vérifications. "Avant d’être dirigés vers des centres d’hébergement, ils ont dû se soumettre à plusieurs contrôles dans l'enceinte de l'aéroport", rappelle Didier Leschi qui insiste sur l’aspect sécuritaire - décrié par les partis d'extrême-droite qui craignent l'arrivée de terroristes parmi les évacués. "Nous avons mené un travail de vérification avec la DGEF, la police… On a vérifié les identités, on a mobilisé de nombreux interprètes pour cela".
"Ce n’est qu’après plusieurs heures de vérification que les Afghans ont été autorisés à quitter Roissy". Tous ont été aussi soumis à un test PCR puis ont été placés en quarantaine (de 10 jours) dans différents hôtels.
"L’essentiel de ces personnes se trouvent aujourd’hui en Ile-de-France", mais certains ont été envoyés en province. "Entre 15 et 20 communes" dont Strasbourg, Lyon et Lille accueillent à ce jour des ressortissants afghans exfiltrés de la capitale afghane, selon la Direction interministérielle à l'accueil et à l'intégration des réfugiés (Diair).
Hôtels puis CADA
"Je me réjouis que face à une situation dramatique, nous puissions faire preuve de solidarité", a déclaré la semaine dernière la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, lors d'une conférence de presse.
À l'issue de la quarantaine et une fois passé le temps de l'hébergement d'urgence, tous les demandeurs d'asile afghans devraient être accueillis dans des CADA, répartis sur tout le territoire français, a également fait savoir Didier Leschi,
Côté administratif, des protocoles spéciaux se mettent aussi en place. Un "guichet unique spécial" a ouvert, lundi 30 août, à Paris pour enregistrer les demandes d'asile. Une "vingtaine de personnes" dédiées à l'enregistrement des dossiers ont été appelées en renfort pour maintenir la "fluidité" du reste des demandes.
Logement, langue, emploi
L'Ofii espère que les municipalités d'accueil joueront le jeu de l’intégration pour trouver des logements, dispenser des cours de langues, aider ces personnes à s’insérer sur le marché du travail.
"Ce que nous voulons, c’est accompagner ces personnes vers l’autonomie", pointe Didier Leschi.
"Les maires sont des rouages essentiels pour assurer le lien entre population accueillante et accueillie", a estimé de son côté Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe et co-président de l'Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). L'association avait appelé la semaine dernière à "la mobilisation de l'ensemble des élu(e)s afin d'accueillir de manière concertée les enfants, femmes et hommes fuyant l'Afghanistan".