Au moins 335 personnes ont été arrêtées dans diverses régions de Turquie, lors de plusieurs opérations distinctes menées par les autorités. Depuis cet été, la Turquie multiplie les mesures pour endiguer une éventuelle "vague migratoire".
Ce week-end, au moins 335 migrants ont été arrêtés dans plusieurs provinces de Turquie, ont fait savoir les autorités turques, lundi 20 septembre. Une première opération menée dans la province d’Izmir, à l'ouest du pays, par les garde-côtes turcs a donné lieu à l’interception de 137 migrants. Repérés dans des canots au large des côtes de Cesme, de Seferihisar et de Dikili, ils avaient d’abord été repoussés dans les eaux territoriales turques par les autorités grecques.
Lors d’une opération distincte menée dans la province de Seferihisar, les garde-côtes turcs ont intercepté 87 personnes, qui tentaient, elles aussi, de rejoindre l’Europe par la Grèce. Une intervention similaire a été menée également au large de la ville d’Aydin, où 24 migrants ont été arrêtés alors qu’ils prenaient la mer.
Neuf enfants arrêtés
Sur terre, les autorités ont arrêté 71 ressortissants syriens et afghans entrés illégalement en Turquie la frontière nord. Ils ont été détenus ces trois derniers jours dans un centre de détention de la province de Kirklareli, non loin d’Istanbul. Les exilés ont affirmé avoir été battus en Bulgarie, puis envoyés en Turquie.
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Dans le centre du pays, près d’Erzincan, 16 migrants afghans, dont neuf enfants, ont été détenus, eux, par une équipe de la police anti-contrebande. Ils ont été découverts dans trois voitures puis arrêtés à hauteur d’un poste de contrôle de l'autoroute qui relie les communes d’Erzincan et d’Erzurum.
D'après l'agence turque Anadolu, tous les demandeurs d'asile ont été transférés vers les bureaux provinciaux des migrations. Par ailleurs, au cours de ces différentes opérations, au moins six personnes ont été arrêtées pour organisation de trafic d'êtres humains.
Un mur de trois mètres de haut, des barbelés et des radars
Avec plus de quatre millions de réfugiés sur son sol, la Turquie fait partie des cinq pays du monde qui accueillent le plus d'exilés. Depuis la prise de pouvoir des Taliban en Afghanistan et la chute de Kaboul, le 15 août dernier, le pays multiplie les mesures pour endiguer les arrivées de migrants. Et ainsi éviter une éventuelle vague migratoire qui, d'après le chef de l’État turc Recep Tayyip Erdogan, poserait un "sérieux challenge pour tout le monde".
Un mur de trois mètres de haut et de 295 kilomètres de long est d'ailleurs en construction à la frontière avec l'Iran, l'une des portes de passage des exilés afghans. Si le chantier a débuté en 2017, il s’est fortement accéléré ces derniers mois. Quelque 156 kilomètres ont déjà été érigés et les patrouilles ont été renforcées, ont indiqué des responsables à l’AFP. Doublé de barbelés et de fossés, il sera jalonné de radars, et d’une centaine de tours d’observation.
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L’objectif ? Rendre la frontière "infranchissable", du propre aveu du ministre de la Défense, Hulusi Akar. Car en plus du mur, les autorités prévoient de déployer "un millier de véhicules de surveillance, dotés de matériel de vision nocturne avec imagerie thermique". "Grâce aux tours électro-optiques et des capteurs acoustiques, il est très facile de détecter toute mobilité sur la frontière", a-t-il assuré.
Fin juillet, le ministre des Affaires étrangères de la Turquie - considéré par la Grèce comme un "pays tiers sûr" pour les demandeurs d'asile originaires de Syrie, d'Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et de Somalie depuis juin – avait prévenu : "La Turquie ne sera ni le garde-frontière ni le camp de réfugiés de l’Union européenne".