Au cours du mois de septembre, huit passeurs algériens, qui transportaient des migrants depuis l'Espagne, ont été arrêtés par la police en Haute-Garonne, dans le sud-ouest de la France. Face à l'augmentation des passages, la route est particulièrement surveillée depuis cet été.
Après des contrôles effectués en septembre dernier par la police aux frontières aux péages de Lestelle-de-Saint-Martory et de Melles Pont-du-Roy, à la frontière espagnole, huit passeurs algériens ont été arrêtés, a annoncé ce mardi 5 octobre la préfecture de Haute-Garonne.
Disposant de titres de séjours espagnols, ces huit personnes transportaient des migrants depuis Lérida en Espagne jusqu'à la gare SNCF de Matabiau à Toulouse. Des trajets pour lesquels ils réclamaient aux potentiels passagers entre 200 et 500 euros. D’après un communiqué de la préfecture, "une trentaine de migrants, la plupart algériens et récemment débarqués en Espagne, ont été transportés". Ils ont, depuis, tous été reconduits en Espagne.
Les investigations menées ont également révélé d'autres passages sur plusieurs points frontaliers, utilisés par les mis en cause.

Jugés en comparution immédiate au tribunal de Saint-Gaudens, ils ont écopé de peines allant de quatre mois à un an de prison ferme, et ont été placés en détention à la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse. Ils ont également "fait l'objet de peines complémentaires de deux à trois ans d'interdiction du territoire français". Sept véhicules et plus de 7200 euros ont par ailleurs été saisis.
"Détecter tout flux migratoire"
"Le péage de Lestelle, sur l’autoroute A64, où certains des passeurs ont été arrêtés, est particulièrement prisé", affirme le journal local La Dépêche. Le 9 septembre, les douanes du poste de Cierp-Gaud y ont contrôlé deux véhicules qui circulaient dans le sens Tarbes-Toulouse. "Les deux chauffeurs transportaient sept Algériens sans papiers. L’enquête de la PAF avait permis d’établir qu’un de ces deux hommes effectuait de très nombreux allers-retours".
D’après la préfecture en effet, "une légère hausse du nombre de passeurs interpellés a été détectée durant l'été 2021, notamment en provenance de la province de Lérida (Espagne)". Depuis plusieurs mois, les autorités effectuent donc, "sous l'autorité du Parquet de Saint-Gaudens, des contrôles fixes et mobiles sur l'ensemble de la zone frontalière afin de détecter […] tout flux migratoire".
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"De nombreuses autres opérations de contrôle sont d'ores et déjà programmées, et le dispositif sera maintenu ou intensifié autant que cela sera nécessaire", préviennent aussi les autorités.
Un objectif dans la ligne de celui du Parquet de Saint-Gaudens qui, d’après la préfecture, "a insisté sur son intention d'apporter une réponse pénale très ferme et rapide en cas d'interpellations de nouveaux passeurs".
Des traversées toujours plus nombreuses
Si les passages de migrants dans la région se sont intensifiés, c’est que les arrivées au sud de l’Espagne ont pris de l’ampleur ces derniers mois. Pour le seul week-end du 18 septembre, 1 500 migrants algériens ont débarqué sur les plages espagnoles à bord de 80 embarcations, en provenance de Boumerdès, d’Oran et d’Alger.
Bien que la distance entre les côtes algériennes et l’Espagne soit relativement courte, la traversée reste très dangereuse. Ce même week-end, quatre bateaux avaient fait naufrage, provoquant la mort de 50 personnes. Entre dimanche 19 et mardi 21 septembre, huit corps avaient été retrouvés sur différentes plages de la province d'Almería, dans le sud de l'Espagne, dont celui d'une enfant de trois ou quatre ans, d'après le service d'urgence de la région Andalousie.
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D’après les chiffres de la Garde civile espagnole, citée par le média algérien Liberté, "plus de 2 200 Algériens ont débarqué sur les côtes espagnoles à bord de 150 embarcations ou plus", du 1er au 23 septembre. Au total, entre le 1er janvier et le 30 septembre 2021, 13 320 personnes ont traversé la Méditerranée pour l’Andalousie et les îles Baléares. Un chiffre en hausse de 18,8 % par rapport à l’année dernière, à la même période.
Des données qui font dire à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) que la route migratoire algérienne "est actuellement la plus active, après celle des îles Canaries".