Depuis le 1er janvier 2021, 26 314 migrants ont été ramenés en Libye après une tentative de traversée en Méditerranée centrale, d'après l'OIM. Crédit : OIM
Depuis le 1er janvier 2021, 26 314 migrants ont été ramenés en Libye après une tentative de traversée en Méditerranée centrale, d'après l'OIM. Crédit : OIM

Une embarcation avec à son bord 105 personnes, dont 10 enfants, a coulé, lundi, au large de la Libye malgré les appels de détresse lancés par les ONG. À ce jour, 15 corps ont été récupérés par les garde-côtes libyens. Les rescapés ont été conduits à la base navale de Tripoli.

Lorsque les garde-côtes libyens sont arrivés sur place, il était trop tard. Au moins quinze personnes sont mortes dans le naufrage de leur embarcation au large des côtes libyennes, lundi 11 octobre. Les 90 survivants ont été secourus par les autorités du pays et ramenés dans deux bateaux distincts à la base navale de Tripoli, a affirmé Safa Msehli, porte-parole de l’Organisation internationale des migrations (OIM).

Certains, très affaiblis, ont reçu une aide médicale d’urgence de la part du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de ses partenaires, a fait savoir l’agence sur Twitter. Les migrants avaient pris la mer la veille, de nuit, depuis Zouara et Khoms.


Alarm Phone avait pourtant alerté les autorités, le jour du naufrage, qu’environ 105 personnes étaient "en danger", y compris "des femmes enceintes et environ dix enfants". Sept heures plus tard, les garde-côtes libyens affirmaient "avoir lancé une opération de recherche et de sauvetage". "Mais les personnes à bord continuent de signaler que leur situation est critique", avait fait savoir l’ONG sur Twitter. Entre-temps, l’embarcation a chaviré, notamment à cause du mauvais temps.

Aucun navire humanitaire circulant en Méditerranée centrale n’a pu venir en aide aux passagers. "Notre bateau était à plus de 127 milles de l’embarcation en danger. Il aurait fallu 20 heures pour atteindre cette zone, qui est également très proche des côtes libyennes", a assuré Emiliano Di Giovane, de l’ONG ResQ, au journal italien La Stampa.


Le 22 août, un autre naufrage au large de la Libye avait fait 18 victimes. Les 51 survivants, tous de nationalité égyptienne, avaient été secourus et ramenés au port de Zouara. En juillet, au moins 80 personnes sont mortes dans deux naufrages distincts dans la région. Mais le plus meurtrier jusqu'à présent reste celui du 22 avril, lorsque 130 personnes s'étaient noyées au large des côtes libyennes. Et ce, bien que le navire ait envoyé, là aussi, plusieurs appels de détresse.

Cette année, 474 personnes sont mortes et 689 ont disparu en tentant de rallier l’Europe par la Méditerranée centrale, selon l'OIM, contre 381 en 2020. Selon le HCR, 80 588 personnes au total ont traversé la Méditerranée en 2021.

"Détenus en plein air"

Depuis le 1er janvier, 26 314 migrants ont été ramenés en Libye après une tentative ratée de traversée, contre 11 891 en 2020. D’après Flavio Di Giacomo, le représentant de l'OIM pour la Méditerranée, cette hausse des départs s’explique par les menaces constantes que subissent les exilés de la part des autorités. "Il semble que le danger se soit accru par rapport à l’année dernière […] Les migrants cherchent à fuir la Libye où ils sont victimes de violences et où les droits humains sont violés", a-t-il déclaré à RFI.

D’ordinaire très difficiles, les conditions de vie des migrants en Libye se sont encore détériorées ces derniers jours. Le 1er octobre, plus de 5 000 personnes ont été arrêtées à Tripoli, officiellement dans le cadre de la lutte contre le trafic "de stupéfiants, d'alcool et d'armes à feu". L'ONG Norwegian refugee council, elle, dénonce une opération qui vise surtout à arrêter des migrants et réfugiés.

La plupart ont été conduits dans les centres de rétention du pays, où s’entassaient déjà près de 6 000 hommes, femmes et enfants, dans des conditions déplorables. "Dans le centre de détention d'Al-Mabani, les hangars et les cellules étaient tellement surpeuplés que les hommes étaient obligés de rester debout. À l'extérieur des cellules, des centaines de femmes et d'enfants étaient détenus en plein air", affirme Médecins sans frontières (MSF) dans un communiqué.

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Après les rafles du 1er octobre et la fusillade d’Al-Mabani, qui a fait au moins six morts, des milliers de personnes ont manifesté devant le centre d’accueil de jour du HCR pour réclamer leur prise en charge. En guise de réponse, ils ont trouvé porte close. "Ces derniers jours, l'escalade des tensions au sein de la foule, qui a entraîné la blessure de deux membres du personnel, et l'entrave à l'accès pour d'autres demandeurs d'asile ayant un besoin urgent d'aide, nous a incités à suspendre temporairement les services réguliers au centre", a fait savoir l’agence onusienne.

 

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