Un jeune migrant érythréen de 17 ans a été gravement blessé après avoir été percuté par une voiture, mercredi, devant le centre du HCR de Tripoli, en Libye. Des milliers de migrants campent, depuis un mois, devant la structure qui a fermé ses portes. Ils réclament leur évacuation du pays. Ce nouveau drame intervient deux semaines après la mort d’un Soudanais, tué par balle dans le même secteur.
Cela fait un mois qu’ils campent devant le centre du HCR (aussi appelé CDC, pour Community Day Center). Un mois que des milliers de personnes, hommes, femmes et enfants vivent sur un bout de trottoir le long du mur d’enceinte du centre de jour de l’ONU qui a fermé ses portes, début octobre, face à l'afflux de personnes. Ils réclament toujours leur évacuation de Libye et leur réinstallation dans un pays tiers.
Les tentes ont essaimé sur le sol, le long de la route. Les sacs de couchage et couvertures aussi, pour ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir s'abriter des intempéries. La situation est délétère et l’insécurité permanente.
Mercredi 27 octobre, plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré le visage ensanglanté d’un migrant renversé par une voiture devant le centre du HCR. Filmées de nuit, elles montrent le corps d’un jeune homme étendu au sol. La victime bouge à peine. Des photos d’une voiture accidentée, et présentée comme étant celle impliquée dans l'accident, ont également été partagées.
Selon les informations recueillies par InfoMigrants, la victime, qui a été transportée à l’hôpital, est un jeune Érythréen de 17 ans. Il a été percuté par un véhicule civil. Peu de temps après l’accident, des hommes armés sont arrivés sur place – ce qui a provoqué un vent de panique parmi la foule du CDC.
"Nous pensons que leur présence a permis au chauffeur qui a percuté le jeune de s’enfuir", estime Abdul Hadi, un Soudanais qui participe à la mobilisation devant le CDC, interrogé par InfoMigrants.
Selon lui, l’accident n’était pas criminel, pas intentionnel. "Même si, nous, les migrants, sommes confrontés à de nombreuses violences résultat du racisme dont nous sommes victimes".
Le jeune accidenté a traversé la rue au moment où une voiture est arrivée. D’autres témoins ont expliqué à InfoMigrants que le CDC se trouve à un embranchement de plusieurs routes, où les voitures roulent vite. Traverser à cet endroit peut être dangereux, surtout à la nuit tombée.
Arrestations en masse
Il y a deux semaines, le 12 octobre, un autre drame avait eu lieu devant le centre du HCR. Un jeune demandeur d’asile soudanais de 25 ans avait été tué par balle. Dans un communiqué, le HCR avait indiqué que la victime "avait été battue et s’était fait tirer dessus avant d’être transportée à l’hôpital par un groupe d’hommes armés et masqués". Le jeune Soudanais avait ensuite été transféré dans un autre hôpital où il avait succombé à ses blessures.
La situation déjà extrêmement précaire des demandeurs d’asile en Libye s’est fortement dégradée, début octobre, quand des milliers de personnes, expulsées de chez elles par les forces de l’ordre libyennes se sont rassemblées devant le centre de l’ONU. À partir du 1er octobre, les autorités libyennes avaient mené une série de raids sur le quartier de Gargaresh, à Tripoli, habité par de nombreux migrants.
Ces opérations ont mené à l’arrestation de quelque 5000 personnes, placées en détention dans des centres surchargés. Selon le HCR, de nombreuses personnes ont également vu leur abri être détruit.
Face à l’arrivée de ces milliers de personnes et à la montée des tensions, le HCR a été contraint de fermer les locaux de son centre de jour. Aujourd’hui, pour les exilés rassemblés devant le CDC, une seule solution est envisageable : l’évacuation. D’après Jean-Paul Cavalieri, chef de mission en Libye du HCR, la crise sanitaire complique encore l’organisation des vols d’évacuation pour les plus vulnérables. Ils viennent tout juste de reprendre.