Au moins quatre enfants, quatre femmes et un homme sont morts en haute mer lors de la traversée de l'Atlantique, selon la presse espagnole. Dans un premier temps, seul le décès d'un enfant de 5 ans avait été rapporté.
Le bilan est plus lourd que prévu. Lundi 25 octobre, les autorités canariennes avaient annoncé qu’un "enfant d’environ 5 ans" était mort lors de la traversée de l’Atlantique.
Il avait été évacué avec quatre autres mineurs - un bébé et trois enfants - par hélicoptère, et transporté à l’hôpital Doctor Negrín de Las Palmas. Selon les services d'urgence de l'archipel, tous ont été hospitalisés car "ils présentaient un état grave de déshydratation ou d'hypothermie".
La presse espagnole a indiqué mercredi 3 novembre qu’au total au moins quatre enfants de ce même canot ont perdu la vie. Un homme et au moins quatre femmes ont également péri sur la route, selon les témoignages des rescapés.
"Le nombre de personnes décédées n’est pas encore très clair. À priori, entre huit et dix exilés sont morts en haute-mer, et un enfant au port", a précisé à InfoMigrants, Txema Santana, chargé des migrations auprès de la Vice-présidence du gouvernement des îles Canaries.
"Ils avaient à peine la force de se relever"
L’embarcation de seulement "sept mètres" avaient quitté Dakhla, au sud du Maroc, avec une cinquantaine de migrants originaires d’Afrique subsaharienne à son bord. Le canot avait été repéré par un hélicoptère des secours maritimes à 200km au sud-ouest de l’île de Grande Canarie, avaient déclaré les garde-côtes espagnols à l’AFP.
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Les passagers, sauvés in extremis et ramenés au port d’Arguineguin, ont rapporté qu’ils avaient passé deux semaines en mer. "L’arrivée au port du bateau n'était pas comme d'habitude, raconte le quotidien espagnol El Pais. Pendant quelques minutes, on aurait dit que le navire de sauvetage était vide. [Tous les passagers] étaient couchés, couverts de couvertures rouges et immobiles, ils avaient à peine la force de se relever. Il n'y avait pas de sourires, pas de gestes de célébration. La vingtaine de personnes - parmi les agents, les journalistes, les infirmières et les bénévoles - qui se trouvaient sur le quai sont restées silencieuses pendant près d'une heure".
Près de 800 morts sur la route des Canaries depuis janvier
La liste des victimes de la route migratoire des Canaries ne cesse de s’allonger. Mardi 2 novembre, le corps d’une femme "en très mauvais état" a été repêché par les sauveteurs espagnols alors qu’ils se dirigeaient vers une embarcation en détresse.
"La localisation du cadavre a d'abord fait penser aux sauveteurs qu'il pouvait s'agir de l'un des occupants de ce bateau, mais son état de décomposition avancé les a conduits à écarter cette possibilité", affirme El Pais. D’après eux, la victime était en mer depuis environ deux semaines.
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Au cours des dix premiers mois de l’année 2021, 16 827 migrants sont parvenus à rejoindre les îles Canaries par bateau, soit 44 % de plus que sur la même période l’an dernier où 11 659 migrants y avaient accosté, a indiqué mardi le ministère de l’Intérieur.
Si certains parviennent à atteindre les côtes espagnoles, la zone reste très dangereuse en raison des forts courants. D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 800 personnes, dont 60 enfants, sont mortes ou ont disparues depuis le début de l'année en tentant de rejoindre les Canaries depuis l’Afrique.