Selon un média polonais, un jeune Kurde de 14 ans est mort de froid mercredi dans un camp improvisé à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne où survivent près de 2 000 personnes. Minsk dément ces informations, "qui ne correspondent pas à la réalité". Depuis cet été, au moins 10 migrants sont déjà morts à la frontière entre les deux pays.
La crise humanitaire en cours à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie a des conséquences dramatiques. Mercredi 10 novembre, un jeune Kurde irakien de 14 ans est mort de froid dans un camp côté biélorusse hébergeant près de 2 000 exilés, dont des femmes et des enfants, selon le média polonais OKO.press. Les températures dans la région avoisinent les 0 degrés la nuit.
L'information a aussitôt été démentie par Minsk. 'Les informations sur le cas d’un décès de migrant ne correspondent pas à la réalité', ont déclaré les garde-frontières biélorusses dans un communiqué. Ces derniers reconnaissent que pendant la nuit, un enfant "s’est senti mal". "Le garçon a été examiné par des médecins de garde dans le camp. Ils lui ont diagnostiqué une hypothermie et lui ont apporté de l’aide. Après l’avoir stabilisé, il est retourné dans sa famille", précisent les autorités.
OKO.press a cependant maintenu jeudi ses révélations, citant plusieurs proches de l’adolescent. "Je suis sûr à 100% : l’enfant est mort", a déclaré un migrant irakien au journaliste polonais. Depuis le début de la crise cet été, au moins 10 personnes ont perdu la vie à la lisière entre les deux pays. Ces décès seraient liés à l'hypothermie.
Difficile de savoir exactement ce qu’il se passe dans la région frontalière polono-biélorusse puisque les civils n'ont pas le droit d'y accéder. Les médias et les associations sont interdits d'entrée dans la zone.
"Des couvertures", et "des couches pour les enfants"
L’arrivée de l’hiver et des températures glaciales inquiètent les associations et les instances internationales. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dit vendredi préoccupée par le sort "des milliers de personnes vulnérables qui sont bloquées dans un no man’s land aux frontières de la Biélorussie avec la Pologne (…) à la merci des intempéries".
Pour se protéger du froid, les exilés ont déployé des tentes près des barbelés, et brûlent du bois afin de se réchauffer. Une "aide humanitaire d'urgence", notamment des couvertures, des vêtements chauds et des couches pour les enfants, a pu leur être acheminée jeudi, a indiqué un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

L'accès à la nourriture et à l'eau est aussi problématique. La Croix-Rouge biélorusse a distribué des vivres mercredi mais pas suffisamment pour les quelque 2 000 migrants présents.
Violences côtés polonais et biélorusse
Par ailleurs, les récits de exilés ayant réussi à entrer sur le sol polonais font état de mauvais traitements de la part des autorités biélorusses. RFI a recueilli le témoignage d’un Syrien qui raconte que les garde-frontières biélorusses l'ont battu à trois reprises. "Ils m’ont frappé au thorax. Je pense qu’il est cassé".
Mais les Polonais ne sont pas non plus exempts de tous reproches. Beaucoup de migrants signalent des exactions commis par les garde-frontières du pays de l'UE. "Lors de notre première tentative [d’entrée en Pologne], la police nous a arrêtés, moi et mon ami, ainsi que deux autres personnes (…). Deux soldats nous ont fait monter dans une voiture pour nous renvoyer en Biélorussie. Quand je leur ai dit que je ne voulais pas y retourner, ils m’ont frappé et frappé encore en nous disant de partir", continue le jeune Syrien.
>> À (re)lire : Biélorussie : des pages Facebook kurdes ont incité des migrants à se regrouper pour passer en Pologne
Depuis lundi, entre 3 000 et 4 000 exilés ont afflué vers la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, membre de l’Union européenne.
Les pays occidentaux ont condamné jeudi à l’ONU une instrumentalisation orchestrée d'êtres humains" par Minsk à la frontière avec la Pologne afin de "déstabiliser la frontière extérieure de l'Union européenne", et appelé à une "réaction internationale forte". En dépit de l'appel au dialogue lancé plus tôt par le président russe Vladimir Poutine.
Les Européens accusent Minsk d'alimenter la crise en délivrant des visas et en affrétant des vols, pour se venger de sanctions occidentales imposées au régime de Loukachenko l'an dernier, après la brutale répression d'opposants.