Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces de sécurité polonaises ont arrêté une centaine de personnes qui venaient de traverser la frontière avec la Biélorussie, près du village de Dubicze Cerkiewne. Depuis plusieurs semaines, 4 000 migrants se massent le long de la frontière dans l’espoir d’entrer en Pologne, membre de l’Union européenne.
Ils venaient tout juste de fouler le sol polonais, après des jours bloqués dans un no man’s land entre la Pologne et la Biélorussie. Mais le répit aura été de courte durée. Une centaine de migrants "a été arrêtée par les services polonais" dans la nuit de mercredi à jeudi 18 novembre, suite à une "tentative de franchissement illégal de la frontière" près du village de Dubicze Cerkiewne, a indiqué sur Twitter le ministère polonais de la Défense.
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Celui-ci a également diffusé une vidéo montrant des soldats polonais entourant un groupe important d’exilés accroupis par terre la nuit dans une forêt près d'une barrière de fils de fer barbelés.
Les autorités ont une nouvelle fois accusé la Biélorussie d’être à l’origine de cette "attaque". "Les services biélorusses ont d’abord effectué une reconnaissance. Ils ont très probablement endommagé la clôture. Puis, ils ont forcé les migrants à jeter des pierres sur les soldats polonais afin de détourner leur attention", a ajouté le ministère de la Défense.
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Environ 4 000 personnes, principalement originaires du Moyen-Orient, campent depuis 10 jours par des températures glaciales le long de la frontière polonaise, du côté biélorusse, dans l’espoir d’entrer en Union européenne (UE). La situation se dégrade chaque jour en plus. Mardi, les forces de sécurité polonaises ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour repousser une foule qui jetait des pierres en tentant de franchir la frontière. Neuf policiers ont été blessés dans les affrontements.

Depuis le début de la crise cet été, au moins 11 migrants sont morts, la plupart de froid, à la lisière entre les deux pays. Les associations, empêchées tout comme les médias d’accéder à la zone, redoutent que ce chiffre ne soit plus élevé, tant les informations sont difficiles à obtenir.
Des discussions entre Minsk et Bruxelles
La commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe Dunja Mijatovic s'est rendue dans la région, mardi, appelant à une désescalade et à autoriser les organisations humanitaires et la presse à avoir un "plein accès" à la frontière. "Nous devons trouver un moyen de désamorcer" la situation, a-t-elle affirmé.
Des discussions ont eu lieu mercredi entre Minsk et Bruxelles pour organiser rapidement les rapatriements de migrants dans leur pays d’origine "avec le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM)", a annoncé sur Twitter un porte-parole de l’exécutif européen. "La Biélorussie doit donner accès à l’aide humanitaire et fournir un abri aux migrants dans le pays", a-t-il encore réclamé.
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Le président biélorusse Alexandre Loukachenko et la chancelière allemande Angela Merkel s'étaient entretenus dans la journée par téléphone, pour la seconde fois en trois jours, afin d'évoquer ce dossier qui provoque de graves tensions entre l'UE et la Biélorussie, soutenue par Moscou.
L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré depuis l'été cet afflux de migrants, en réponse à des sanctions occidentales contre la Biélorussie après la répression en 2020 d'un mouvement d'opposition historique.
Le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak a averti mercredi que cette crise "pourrait durer des mois, voire des années".