Des milliers de migrants vivent dans des conditions désastreuses à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit : Reuters
Des milliers de migrants vivent dans des conditions désastreuses à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit : Reuters

Nouveau drame à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Un enfant d'un an, originaire de Syrie, a été retrouvé mort par une ONG polonaise dans la nuit de mercredi à jeudi. Cette nouvelle victime porte à au moins 12 le nombre de décès recensés dans la région depuis le début de la crise cet été.

C’est la plus jeune victime connue de la crise qui se déroule à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Un bébé d’un an, originaire de Syrie, est décédé dans une forêt à la lisière des deux pays, a annoncé sur Twitter l’ONG polonaise PCPM, qui prodigue des soins aux exilés dans la région.

"Vers 2h26 du matin, nous avons reçu un rapport selon lequel au moins une personne qui se trouve dans la forêt avait besoin de soins médicaux. Sur place, il s’est avéré que trois personnes étaient blessées", écrit l’équipe médicale, jeudi 18 novembre. Un jeune homme, affamé et déshydraté, souffrait de douleurs abdominales.

À ses côtés, un couple de Syriens était également blessé. "L’homme avait une blessure au bras et la femme avait reçu un coup de couteau dans la jambe. Leur enfant était mort", ajoute l’ONG. Les causes du décès ne sont pour l’heure pas connues.

La famille se terrait dans la forêt depuis un mois et demi, pour échapper aux forces de sécurité. Des milliers de personnes, majoritairement originaires du Moyen-Orient, s’entassent à la frontière polono-biélorusse dans l’espoir de rejoindre l’Union européenne (UE).


Des exilés tentent de se réchauffer près d'un feu, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit : Reuters
Des exilés tentent de se réchauffer près d'un feu, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Crédit : Reuters


Au moins 12 morts depuis cet été

Depuis le début de la crise cet été, qui a atteint des sommets le 8 novembre quand environ 4 000 personnes ont afflué à la frontière, au moins 12 migrants ont perdu la vie, presque tous suite à une hypothermie. Les humanitaires, empêchés comme la presse de se rendre dans la zone frontalière, craignent que le chiffre ne soit plus élevé, tant l’accès aux exilés est difficile.

Les migrants qui parviennent à franchir la frontière témoignent tous de la crise humanitaire en cours dans la région. Les médecins de l’ONG PCPM affirment soigner principalement des blessures causées par des coups portés par les autorités polonaises et biélorusses, traiter des cas d’hypothermie et de déshydratation. Dans le no man’s land entre les deux pays, les exilés manquent de tout et sont forcés de boire de l’eau souillée, expliquait à InfoMigrants Małgorzata Nowosad, porte-parole de l’association Medicy na granicy.

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Jeudi, les garde-frontières biélorusses ont indiqué que "tous les migrants du camp de fortune à la frontière avec la Pologne, près du point de passage Brouzgui, ont été transférés, sur la base du volontariat vers un centre logistique".

Dans le hangar ouvert en raison "de conditions météorologiques qui se dégradent" avec des températures proches de 0°C, les quelque 2 000 exilés présents recevraient, d’après Minsk, "des repas chauds, des vêtements chauds et des produits de première nécessité". Un répit pour ces personnes, qui ont passé plus d'une semaine dans le froid, en attendant de passer côté polonais.


Les autorités biélorusses ont mis à disposition un entrepôt logistique pour abriter des migrants bloqués à la frontière | Photo : Reuters
Les autorités biélorusses ont mis à disposition un entrepôt logistique pour abriter des migrants bloqués à la frontière | Photo : Reuters


Plus de 34 000 tentatives depuis le début de l'année

Au lendemain de cette mise à l'abri, Varsovie a, une nouvelle fois, accusé la Biélorussie de convoyer les migrants vers la frontière entre les deux pays. Jeudi soir, des centaines d'exilés ont tenté de passer en Pologne, signalent les autorités. "Au début, il y avait 100 personnes, mais ensuite les Biélorusses ont ramené davantage de gens dans des camions. Ensuite, ils étaient 500", a déclaré à l'AFP Anna Michalska, porte-parole des garde-frontières polonais. "Quarante cinq ont été arrêtés et ont reçu l'ordre de quitter" le pays.

Lors de cette action, des migrants "ont jeté des pierres et quelqu'un a également diffusé du gaz lacrymogène en direction des forces polonaises. Au même moment, les services biélorusses ont utilisé des lasers pour les aveugler", a ajouté Anna Michalska. Quatre soldats polonais ont été blessés dans les affrontements, mais n'ont pas nécessité d'être hospitalisés.

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Depuis le début de l'année, les garde-frontières polonais ont enregistré plus de 34 000 tentatives dont plus de 6 000 en novembre, près de 17 300 en octobre, près de 7 700 en septembre et plus de 3 500 en août, quand la crise a commencé.

Si le nombre de tentatives d'intrusion a diminué au cours du mois dernier, les "dernières sont devenues plus agressives", a souligné la porte-parole.

Selon Minsk, 7 000 exilés se trouvent sur son territoire. Le président Loukachenko s'est dit prêt jeudi à "rapatrier" 5 000 d'entre eux. Un premier vol vers l’Irak a été organisé ce même-jour avec à son bord 431 personnes. Cette évacuation intervient après une semaine de tensions croissantes entre l’Union européenne et la Biélorussie, accusée d’avoir orchestré cet afflux migratoire pour se venger des sanctions imposées par les Vingt-Sept après la répression en 2020 d'un mouvement d'opposition historique.

 

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