En dépit des conditions météo particulièrement difficiles, des milliers de migrants partis des côtes africaines tentent toujours de rejoindre l'Europe par la mer. Les plus chanceux sont secourus par les garde-côtes italiens et les navires humanitaires qui naviguent dans la zone.
Des vents violents, des températures en baisse et même des avis de tempêtes. Les conditions météo en mer Méditerranée se dégradent semaines après semaines. Pourtant, les traversées à bord d’embarcations de fortune à destination de l’Europe ne faiblissent pas. Dans la nuit de mercredi à jeudi 25 novembre, les garde-côtes italiens ont porté secours à 296 personnes, dont 14 femmes et huit mineurs. Tous ont été emmenés sur l’île de Lampedusa, située à 14 miles du lieu de sauvetage.
"Le bateau était en difficulté en raison des mauvaises conditions de mer et du nombre excessif de personnes à bord", affirme le journal italien Il Fatto Quotidiano. L’opération de sauvetage, qui a nécessité l’intervention de trois patrouilleurs, a été "particulièrement complexe". Plusieurs passagers étaient déjà à l’eau lorsque les secours sont arrivés sur place.
Une vidéo des autorités montre les garde-côtes hisser à bord de leur bateau des naufragés en train de nager, dans l’obscurité totale, près de l’embarcation de bois où sont entassés les autres migrants. Aucun de ces hommes filmés dans l’eau n’a de gilet de sauvetage.
À Roccella, plus de 6 000 exilés accueillis en cinq mois
À plus de 500 km de là, dans le sud de l’Italie continentale, 240 migrants ont débarqué vers 15h ce jeudi 25 novembre. Ils ont été emmenés au port de Roccella, en Calabre, après avoir été secourus à 10 miles de la côte par la police et des militaires postés dans la région. Les rescapés, dont 44 mineurs, "sont tous de sexe masculin et de nationalité principalement égyptienne et syrienne", indique le quotidien local Reggio Today.
Ils avaient pris place à bord "d'un vieux bateau de pêche, d'environ 25 mètres de long, tombé en panne". Au port, ils ont été soumis à des tests au Covid-19, et "placés temporairement, faute d'espace adéquat, dans une structure récemment construite et gérée par des volontaires de la Croix-Rouge et de la Protection civile", explique le journal.
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En cinq mois, c’est le 48e débarquement à Roccella et le 53e dans la zone, qui a accueilli près de 6 000 exilés. Une situation que Vittorio Zito, maire de la petite ville. "Aucune commune ne peut gérer seule ce type d’urgence : on n’a pas la force, les compétences, les moyens financiers, les pouvoirs. On n’a que notre bonne volonté, mais je ne veux pas devenir un héros comme Mimmo Lucano [ancien maire de la ville calabraise de Riace, figure emblématique de l'accueil et de l'intégration des migrants en Italie]", déplore-t-il à La Repubblica.
L’ignorance "honteuse" des autorités européennes
En mer, les sauvetages continuent aussi pour les navires humanitaires. Le Sea Watch 4 a obtenu dans la nuit du 25 au 26 novembre, l’autorisation de débarquer à Augusta, en Sicile. D’après l’ONG, "le mauvais temps a durement frappé le navire et les 461 personnes à bord risquent l'hypothermie. Quatre d'entre elles ont perdu connaissance et sont pris en charge par l'équipe médicale". Cette semaine, 21 naufragés ont déjà été évacuées du bateau pour raisons médicales.
Un autre navire humanitaire, le Sea-Eye, a pu débarquer quant à lui ses 800 passagers à Trapani, à l’ouest de la Sicile. À l'arrivée du navire en Sicile, des membres de la Croix-Rouge ont aidé les migrants, dont certains étaient enveloppés dans une couverture, d'autres pieds-nus, à quitter le bateau. Toutes sont négatives au coronavirus, et sont donc exemptées de 14 jours supplémentaires de quarantaine en mer.
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De son côté, Alarm Phone a fait savoir sur son compte Twitter qu’un bateau avec à son bord 430 personnes lui a été signalé en détresse dans la SAR zone maltaise. Il a finalement été secouru quelques heures plus tard par les autorités tunisiennes. Selon elles, "aucun mort" n’est à déplorer. "Nous sommes soulagés que cela ne se soit pas terminé par un naufrage de masse".
Mercredi 17 novembre, 75 personnes sont mortes noyées au large des côtes libyennes. Quinze survivants ont été secourus par des pêcheurs et amenés à Zouara, à l’ouest du pays. À ce jour, seuls six corps ont été retrouvés. Depuis le début de l’année, 1 300 migrants au total ont perdu la vie en Méditerranée centrale.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio...) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.