Deux personnes soupçonnées d'avoir transporté des migrants dans leurs véhicules ont été arrêtées dans les villes basques de Bayonne et d'Ascain, dans le sud-ouest de la France. Ils demandaient aux exilés entre 100 et 200 euros pour passer la frontière franco-espagnole.
Le véhicule venait de passer la frontière espagnole. Le 22 novembre, son conducteur, soupçonné d’être un passeur, a été arrêté par les équipes de la Police Aux Frontières (PAF) à Bayonne. À l’intérieur, quatre femmes originaires d'Afrique subsaharienne en situation irrégulière, indique France Bleu Pays Basque. Cette arrestation vient clore une enquête d'une semaine, menée par les policiers français, en collaboration avec les autorités espagnoles d’Irún.
D’après la radio locale, "le suspect est domicilié à Bayonne mais a fait un passage dans une famille d'accueil à Saint-Étienne-de-Baïgorry en tant que mineur isolé". Ce jeune homme de vingt ans, originaire du Mali, est soupçonné d'avoir fait passer une douzaine de migrants illégaux par jour, sur une période indéterminée pour le moment.
Son comportement avait alerté les équipes espagnoles du commissariat de police d'Irún : le jeune Malien faisait monter des migrants dans sa voiture, "puis prenait la direction de la France en conduisant parfois rapidement, et parfois très lentement". Un dispositif de surveillance avait donc été mis en place "près du siège de la Croix Rouge, à Irún, où se rassemblent traditionnellement les migrants africains". Une balise de géolocalisation avait également été placée sous la voiture.
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Le passeur présumé a, depuis, été placé en garde en vue et a reconnu les faits sur une période de deux mois. Plus de 10 000 euros ont également été saisis à son domicile de Bayonne, lors d’une perquisition. D’après France Bleu, le jeune homme réclamait 100 et 200 euros à chaque migrant pour passer en France. Il a été jugé en comparution immédiate, le 25 novembre dernier, et condamné à 5 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bayonne.
Mardi 30 novembre, un autre passeur présumé a été arrêté, cette fois dans la ville frontalière d’Ascain, avec trois migrants dans sa voiture. Il s’agit d’un homme de 50 ans domicilié à Urrugne et qui était en lien avec une association d'aide aux migrants. Des documents ont été retrouvés à son domicile avec des prix et des noms. D’après les enquêteurs, l’homme, placé en détention provisoire, faisait payer 150 euros par personne le passage en France. Il conteste les faits.
"Je vais essayer en marchant sur les voies de chemin de fer"
Entre le 11 et le 15 octobre, sept personnes avaient été arrêtées par la Garde civile dans trois provinces du Pays basque espagnol. Les suspects, de nationalité marocaine et malienne, sont soupçonnés d’être impliqués dans un réseau de passeurs "à l’origine de 60 transferts de l’Espagne vers la France, ces deux derniers mois", avait indiqué la police espagnole.
À chaque passage, trois ou quatre migrants prenaient place dans des véhicules mis à disposition par le réseau. Les sommes demandées oscillaient "entre 150 et 200 euros pour rejoindre Bayonne, et entre 250 et 300 euros jusqu’à Bordeaux", d’après le journal local Sud-Ouest.
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La région du Pays basque, côté français comme espagnol, est une zone de transit importante sur la route des migrants. La zone, très surveillée – entre janvier et septembre, entre 1 200 et 1 600 agents (gendarmes, policiers, CRS et douaniers) ont été déployés à la frontière chaque semaine - ne les dissuade pas de poursuivre leur route.
À l'image d'Ismaël, un Ivoirien de 28 ans rencontré par InfoMigrants en juin dernier. Arrêté plusieurs fois par la police française et renvoyé de l’autre côté de la frontière, il envisageait d’autres moyens pour passer en France. "La prochaine fois, je vais essayer en marchant sur les voies de chemin de fer. J’ai calculé : le train passe toutes les demi-heures, ça me laisse le temps d’atteindre Hendaye à pied", avait-il confié.
Une méthode très risquée pour les migrants. Le 12 octobre, trois exilés algériens sont morts, percutés par un TER, tout près de la gare de Saint-Jean-de-Luz. D’après le seul rescapé de l’accident, le petit groupe s’était réfugié sur les voies pour "échapper aux contrôles de police".