Image d'archives d'un camp de migrants près de la porte d'Aubervilliers, dans le nord de Paris, en janvier 2020. Crédit : Reuters
Image d'archives d'un camp de migrants près de la porte d'Aubervilliers, dans le nord de Paris, en janvier 2020. Crédit : Reuters

Une enquête a été ouverte, mercredi, après l’interpellation d’un homme suspecté d’avoir agressé au sabre deux Soudanais dans un campement de migrants du 12e arrondissement de Paris. Les exilés sont "effrayés et traumatisés", selon les associations qui s’étonnent qu’aucune mise à l’abri n’ait été organisée après l’incident.

Mercredi 8 décembre, vers 8h du matin, un homme a agressé à l’arme blanche deux personnes originaires du Soudan qui vivent dans un campement de migrants, près du parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris. Le camp compte environ 90 personnes, majoritairement originaires de la Corne de l’Afrique.

"Deux hommes soudanais ont été attaqués au sabre" et transportés à l’hôpital, a indiqué à l’AFP Ian Brossat, adjoint de la maire de Paris en charge de l’accueil des réfugiés. Leurs jours ne sont pas en danger, a précisé le quotidien Le Monde.

Le principal suspect, un homme de 67 ans, a été interpellé dans le quartier peu de temps après l’incident. Il a été blessé par les victimes qui ont tenté de le désarmer

L’individu est "très défavorablement connu des services de police", selon une source policière, a indiqué Le Monde, et a déjà fait l’objet d’une mise en cause pour tentative d’homicide.

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Le parquet de Paris a ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire parisienne, pour tentative d’homicide volontaire.

Peu d'éléments sur les raisons de l'agression

Les raisons de cette agression ne sont pour l’heure pas connues. Mercredi soir, Ian Brossat a affirmé qu’il s’agissait "d’une attaque raciste". L’homme aurait tenu des propos "contre les étrangers". L’association Utopia 56, qui effectue des maraudes dans le camp, se montre plus mesurée.

"Plusieurs versions circulent mais, pour l’instant, on n’a aucune certitude. Certains disent que le mobile est de nature raciste, d’autres que l’homme a commencé à lacérer des tentes et qu’une bagarre a éclaté, d’autres encore expliquent que le suspect a été cambriolé, qu’il a fait un amalgame et qu'il s’en est pris aux exilés", rapporte Kerill Theurillat, un responsable d’Utopia 56 à Paris. "On attend les résultats de l’enquête pour y voir plus clair", continue le militant.

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Après l’incident, plusieurs migrants se sont spontanément réfugiés dans l’accueil de jour de l’association Aurore, qui se trouve à proximité. "Ils sont effrayés et traumatisés", signale Clothilde Colomb, coordinatrice de Médecins du monde (MdM) à Paris. "Ils vivent dans la rue depuis des semaines et se sentent abandonnés par les autorités".

Utopia 56 se dit "choquée" qu'après un tel événement, l’État n’ait pas ordonné la mise à l’abri des exilés. "Les gens ont peur, ils craignent qu’un nouvel incident de ce type se reproduise", signale Kerill Theurillat.

Plusieurs associations, dont Utopia 56 et MdM, seront présents, jeudi soir, dans le campement pour afficher leur solidarité avec les migrants. "On veut leur montrer qu’ils ne sont pas seuls", assure Clothilde Colomb.

 

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