Un cadavre a été retrouvé au large de Calais, vendredi a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Une enquête a été ouverte. Selon le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer, le corps a "manifestement séjourné très longtemps dans l'eau".
Plus de deux semaines après le naufrage meurtrier du 24 novembre faisant 27 morts, un nouveau cadavre a été retrouvé dans la Manche, près des côtes françaises. Vendredi 10 décembre, "un navire de pêche a malheureusement découvert un corps dans ses filets au large de Calais. Le navire a aussitôt signalé cette découverte au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez", a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué.
La dépouille a été ramenée au port de Calais. Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête, confiée à la gendarmerie maritime.
"Ce corps a manifestement séjourné très longtemps dans l'eau", a déclaré à l'AFP le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer, Philippe Sabatier, précisant qu'il n'était "pas possible" à ce stade de dire s'il s'agissait d'un migrant ou non. "Un examen du corps doit être réalisé par un médecin légiste, afin de savoir si les faits sont criminels ou non, et de tenter de déterminer les causes possibles". "Des prélèvements ADN seront également réalisés" dans le but d'identifier la victime, dont "on ne sait rien", a-t-il ajouté.
Le 24 novembre, un naufrage sans précédent au large de Calais avait coûté la vie à au moins 27 personnes - 17 hommes, sept femmes, deux adolescents et un enfant - en route vers les côtes anglaises à bord d'une embarcation de fortune.
Conditions de vie
Maryam Nouri Mohammad Amin, une étudiante kurde, a été la première victime identifiée après le drame. La jeune femme avait quitté le nord de l’Irak pour rejoindre son fiancé résidant au Royaume-Uni. N’ayant pas obtenu de visa pour l'Angleterre, malgré plusieurs demandes déposées à l’ambassade britannique, elle avait décidé de prendre la route vers l’Europe et de monter dans un canot de fortune pour traverser la Manche.
"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", avait assuré Emmanuel Macron, à la suite du naufrage, insistant sur la lutte à mener contre les réseaux de passeurs. De leur côté, les associations d'aide aux migrants avaient, elles, dénoncé la position du gouvernement français, ne tenant pas compte des conditions de vie des exilés. "Pour nous le lien de cause à effet [entre mauvaises conditions de vie et départs, ndlr] est flagrant", affirmait à InfoMigrants Anna Richel, coordinatrice d'Utopia 56 à Grande Synthe où vivent quelques 500 migrants. "Ce que font vivre les autorités aux exilés avec cette politique de non-accueil pousse bien sûr les gens à partir et à prendre d’autant plus de risques."
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Plusieurs jours après le drame, le média kurde Rudaw a recueilli le témoignage d’un survivant, Mohammed Shekha Ahmad, âgé de 21 ans. Ce dernier a raconté aux journalistes que malgré leurs appels de détresse, les autorités britanniques et françaises se sont renvoyées la balle pour procéder au sauvetage.
Depuis fin 2018, les traversées illégales de la Manche par des migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni se multiplient. De janvier au 25 novembre 2021, la préfecture maritime a comptabilisé 1 281 événements liés à des traversées vers le Royaume-Uni par voie maritime impliquant 33 083 personnes. Les autorités françaises ont secouru 8 284 naufragés. Au total, 30 personnes sont décédées et quatre ont été portées disparues.