L'année 2021 a été riche en actualités migratoires. Crédit : InfoMigrants
L'année 2021 a été riche en actualités migratoires. Crédit : InfoMigrants

L'année 2021 a été riche en actualité migratoire et les journalistes d'InfoMigrants se sont rendus, aussi souvent que possible, sur le terrain pour raconter les histoires des exilés. De Calais à la Tunisie, mais aussi dans les Balkans, tout au long des routes de la migration. Reportages.

1/ Lituanie-Pologne : crise diplomatique et humanitaire à la frontière


Plus de 300 hommes, majoritairement irakiens, ont passé des mois enfermés dans le camp de Rudninkai, en Lituanie. Crédit : InfoMigrants
Plus de 300 hommes, majoritairement irakiens, ont passé des mois enfermés dans le camp de Rudninkai, en Lituanie. Crédit : InfoMigrants


InfoMigrants est allé en Lituanie, là où cet été, la crise migratoire orchestrée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko a commencé, en réaction aux sanctions que lui a imposé l'Union européenne. Des milliers de personnes – principalement originaires de pays du Moyen-Orient, mais aussi d'Afrique – se sont retrouvées enfermées dans des camps en Lituanie, après avoir rejoint Minsk en avion, puis franchi la frontière lituanienne à pied.

>> "Maintenant, je ne sais plus quoi faire" : en Lituanie, des étudiants africains victimes du chantage de la Biélorussie


Des migrants se rassemblent près d'une clôture en fil de fer barbelé pour tenter de traverser la frontière avec la Pologne dans la région de Grodno, en Biélorussie, le 8 novembre 2021. Crédit : Reuters
Des migrants se rassemblent près d'une clôture en fil de fer barbelé pour tenter de traverser la frontière avec la Pologne dans la région de Grodno, en Biélorussie, le 8 novembre 2021. Crédit : Reuters


La crise s'est ensuite déplacée plus au sud, à la frontière polonaise, au début de l'automne. Face aux arrivées, Varsovie a instauré l'état d'urgence à sa frontière et voté une loi autorisant les refoulements vers la Biélorussie. L'état d'urgence a également permis la création d'une zone d'exclusion, le long de la frontière, dans laquelle ni les ONG, ni les médias ne sont autorisés à pénétrer.

Des centaines de personnes se sont alors retrouvées bloquées dans la forêt polonaise pendant des jours, voire des semaines. Au moins 14 personnes, dont de très jeunes enfants, ont perdu la vie en Pologne et en Biélorussie, depuis le début de la crise.

>> "À la frontière, les Biélorusses ne connaissent que trois mots : ‘Go to Poland’"

2/ En Bosnie-Herzégovine, des milliers de personnes vivent toujours dans des conditions extrêmement précaires à la frontière


Latif, un jeune Afghan à la frontière entre la Bosnie et la Croatie, en décembre 2021. Crédit : Charlotte Boitiaux/InfoMigrants
Latif, un jeune Afghan à la frontière entre la Bosnie et la Croatie, en décembre 2021. Crédit : Charlotte Boitiaux/InfoMigrants


La rédaction s'est rendue dans le nord de la Bosnie, à Bihac, où des milliers de migrants sont bloqués depuis plusieurs années et survivent à la frontière nord du pays, dans l'espoir d'entrer en Croatie, pays membre de l'Union européenne. Fin décembre 2020, l'incendie du camp de Lipa, à une trentaine de kilomètres de Bihac, a rendu près de 1 300 personnes sans-abri. Pendant près d'un an, elles ont vécu dans un camp provisoire, installé à une trentaine de kilomètres de Bihac. Un nouveau camp a finalement ouvert, fin novembre 2021.

>> À la frontière bosnienne, ces irréductibles migrants qui veulent passer en Croatie malgré la neige et le froid

3/ À Melilla, les jeunes migrants rêvent du continent


Des demandeurs d'asile devant l'entrée du CETI à Melilla. Crédit : InfoMigrants
Des demandeurs d'asile devant l'entrée du CETI à Melilla. Crédit : InfoMigrants


Dans cette enclave espagnole, voisine du Maroc, InfoMigrants est allé à la rencontre des jeunes Marocains qui vivent sans papiers. Pour monter dans des ferries et rejoindre l'Espagne continentale, certains prennent de très grands risques. Comme eux, de jeunes exilés originaires d'Afrique subsaharienne attendent à Melilla de pouvoir poursuivre leur périple vers le continent. Pour tous, la pandémie de Covid-19 a rendu le quotidien plus difficile encore.

>> Reportage : l’errance des jeunes Marocains coincés sans avenir à Melilla

4/ À Calais, le drame des expulsions et des naufrages


Dans le Calaisis, les expulsions et les démantèlements de camps sont presque quotidiens pour les exilés. Crédit : Utopia 56
Dans le Calaisis, les expulsions et les démantèlements de camps sont presque quotidiens pour les exilés. Crédit : Utopia 56


Comme en 2020, la situation des exilés vivant à Calais et Grande-Synthe a été très difficile en 2021. InfoMigrants s'est rendu dans le nord de la France pour rendre compte des démantèlements, toujours plus nombreux, des campements informels. Le quotidien est toujours très dur : outre les conditions de vie intolérables, les associations déplorent les prolongations de l'interdiction des distributions de nourriture dans le centre-ville.

>> À Calais, cinq ans après la "jungle", le quotidien des migrants se dégrade mais le rêve d'Angleterre persiste


Un groupe de migrants embarque sur une embarcation pneumatique, à Wimereux, près de Calais, pour tenter de rejoindre l'Angleterre, le 16 décembre 2021. Crédit : Reuters
Un groupe de migrants embarque sur une embarcation pneumatique, à Wimereux, près de Calais, pour tenter de rejoindre l'Angleterre, le 16 décembre 2021. Crédit : Reuters


L'année a également été marquée par plusieurs drames sur le littoral français. Alors que le nombre de tentatives de traversée de la Manche est toujours élevé, un naufrage sans précédent a eu lieu le 24 novembre. Au moins 27 personnes sont mortes dans l'accident. En tout, au moins 30 personnes sont décédées durant l'année et quatre sont portées disparues.

>> "Bien sûr que j’ai peur" : à Grande Synthe et Calais, les migrants déterminés à partir malgré le naufrage meurtrier

5/ Au Pays basque, dans le sud de la France, des passages depuis l'Espagne de plus en plus dangereux


La rivière Bidassoa est une frontière naturelle entre la France et l'Espagne. Crédit : InfoMigrants
La rivière Bidassoa est une frontière naturelle entre la France et l'Espagne. Crédit : InfoMigrants


InfoMigrants s'est rendu dans le sud de la France, à la frontière espagnole, où des milliers de migrants tentent, malgré une importante présence policière, d’entrer dans l’Hexagone depuis la ville d’Irun. Pour traverser la frontière maritime de la Bidassoa que les autorités françaises veulent rendre hermétique, tout en trompant la vigilance des policiers, ces exilés prennent de plus en plus de risques.

>> Reportage : à la frontière franco-espagnole, l’importante présence policière ne dissuade pas les migrants

6/ En Roumanie, sur la nouvelle route des Balkans


Des migrants à la frontière entre la Serbie et la Roumanie. Crédit : Reuters
Des migrants à la frontière entre la Serbie et la Roumanie. Crédit : Reuters


Une nouvelle route migratoire s'est ouverte dans les Balkans, en 2021. Coincés en Serbie, de plus en plus d'exilés passent par la Roumanie pour chercher à entrer dans l'Union européenne et tenter de poursuivre leur route vers l'Europe de l'ouest. Pour la plupart, il ne s'agit que d'une étape. Rares sont les personnes qui souhaitent s'implanter dans cet ancien pays communiste.

>> "On pensait qu’en Roumanie, on serait arrivés... Mais en fait, non" : à Timisoara, les migrants portés par le rêve d’une autre Europe

7/ En Belgique, la lutte des sans-papiers pour leur régularisation


L'un des sans-papiers grévistes de la faim, dans une université de Bruxelles, le 29 juin 2021. Crédit : Reuters
L'un des sans-papiers grévistes de la faim, dans une université de Bruxelles, le 29 juin 2021. Crédit : Reuters


InfoMigrants a rencontré plusieurs des 450 sans-papiers qui ont entamé, au printemps 2021, une grève de la faim pendant 60 jours, en Belgique. Installés dans une église et deux universités de Bruxelles, ils réclamaient des papiers, après des années passées dans le pays – jusqu'à 20 ans pour certains.

La grève a été suspendue après les promesses du gouvernement de régulariser une majorité des sans-papiers. Mais dans les faits, la quasi-totalité des décisions rendues jusqu'à maintenant sur les dossiers ont été négatives. Pour protester contre ce qu'ils décrivent comme une trahison de la parole donnée par le gouvernement, cinq ex-grévistes de la faim ont attaqué l'Etat belge en justice, fin novembre.

>> Belgique : après la suspension de la grève de la faim, les sans-papiers partagés entre lassitude et peur de l'avenir

8/ En Grèce, durcissement de la politique migratoire et militarisation des frontières


Une femme cueille des olives dans le camp de Mavrovouni, à Lesbos, le 25 novembre 2021. Crédit : Reuters
Une femme cueille des olives dans le camp de Mavrovouni, à Lesbos, le 25 novembre 2021. Crédit : Reuters


Un an après l'incendie qui a détruit, en septembre 2020, le camp de Moria, sur l'île de Lesbos en mer Égée, InfoMigrants est retourné sur les lieux. Dans le camp de Mavrovouni (aussi appelé Kara Tepe), qui a été construit à la hâte après l'incendie, des milliers de personnes vivent toujours dans des conditions déplorables. Un nouveau camp fermé était censé ouvrir sur l'île à l'été 2021, mais sa construction n'a toujours pas débuté.

>> À Lesbos, un an après l’incendie de Moria, les migrants ont perdu tout espoir d'un accueil "plus humain"


Des policiers patrouillent le long de la frontière grecque, dans la région du fleuve Evros, en août 2021. Crédit : EPA
Des policiers patrouillent le long de la frontière grecque, dans la région du fleuve Evros, en août 2021. Crédit : EPA


Sur le continent, InfoMigrants s'est rendu à l'extrémité orientale de la Grèce, à proximité du fleuve Evros qui marque la frontière terrestre avec la Turquie voisine. La région a été très fortement militarisée à la suite des arrivées de migrants, en mars 2020, lorsqu'Ankara a ouvert sa frontière.

Interdite aux journalistes comme aux ONG, la zone est pourtant traversée par des migrants qui se retrouvent sans aucune aide après le passage du fleuve.

>> La frontière de l'Evros, un no man’s land grec ultra-militarisé où "personne n'a accès aux migrants"

9/ En Tunisie, des migrants pris au piège d'un pays qui n'a rien à leur offrir


Aboubacar et Alassane se désolent de ne pas trouver du travail en Tunisie pour payer le passeur et continuer leur route vers l'Europe. Crédit : Dana Alboz / InfoMigrants
Aboubacar et Alassane se désolent de ne pas trouver du travail en Tunisie pour payer le passeur et continuer leur route vers l'Europe. Crédit : Dana Alboz / InfoMigrants


InfoMigrants est retourné dans le sud de la Tunisie où, en 2021, le nombre de départs de bateaux de migrants a explosé. En cause : la pandémie de Covid-19 qui a gravement pénalisé l'économie tunisienne.

Avec un tourisme qui tourne au ralenti, c'est tout un pan de l'activité du pays qui s'est arrêté, forçant de nombreux jeunes à tenter leur chance ailleurs pour trouver du travail. De nombreux exilés originaires d'Afrique subsaharienne, qui ont parfois connu l'horreur des prisons libyennes, partent aussi de Tunisie. Une fois arrivés dans ce pays mis à genou par la crise économique, ils n'ont pas pu trouver un moyen de refaire leur vie.

>> En Tunisie, la ville de Zarzis submergée par les cadavres de migrants 

10/ Dans les Alpes, de plus en plus de familles bravent le froid et la neige pour passer la frontière


Un migrant traverse les Alpes, dans la région de Briançon, un soir de février 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Un migrant traverse les Alpes, dans la région de Briançon, un soir de février 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants


Durant l'hiver 2020-2021, InfoMigrants s'est rendu dans les Alpes françaises pour aller à la rencontre des exilés cherchant à traverser la montagne pour rejoindre la France depuis l'Italie voisine. Leur profil a changé : outre les hommes seuls, les associations d'aide aux migrants ont vu arriver de plus en plus de familles avec enfants, des femmes enceintes et même des personnes âgées.

>> Depuis l'Italie, des migrants déterminés à traverser les Alpes malgré les dangers

 

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