Le corps d'un homme a été retrouvé, mardi, au large de l'île grecque de Tinos, dans les Cyclades. Cette découverte fait passer à 31 le nombre de victimes du naufrage survenu vendredi près de l'île de Paros, elle aussi située dans les Cyclades. En trois jours, trois naufrages ont eu lieu dans les eaux grecques sur une route migratoire inhabituelle mais de plus en plus empruntée.
Trois naufrages en trois jours. Le bilan du naufrage de vendredi 24 décembre s'élève désormais à au moins 31 morts après que le corps d'un homme d'une trentaine d'années a été retrouvé, mardi, au large de l'île grecque de Tinos.
"Selon les témoignages oraux des survivants, il s'agissait d'un homme qui se trouvait sur le bateau lors de l'accident", a indiqué le communiqué de la police portuaire grecque. Une autopsie doit être effectuée, ajoute la même source.
Vendredi, après le naufrage, survenu près de l'île de Paros, également dans les Cyclades, les garde-côtes grecs ont récupéré les corps de 16 migrants -12 hommes, trois femmes et un bébé. Soixante trois autres personnes ont été secourues. Parti des côtes occidentales turques, le navire avait pour destination l'Italie.
La veille, le 23 décembre, déjà, 11 corps inanimés avaient été retrouvés après le naufrage d'un bateau avec une centaine de migrants à bord, échoué le même jour sur un îlot au nord de l'île d'Anticythère, au sud du Péloponnèse. Quelque 90 rescapés, parmi lesquels 11 femmes et 27 enfants, avaient été secourus par les garde-côtes.
Le 22 décembre, le chavirage d'un canot pneumatique transportant des migrants et des réfugiés au large de l'île de Folegandros, également dans le sud de la Grèce, avait aussi fait au moins trois morts.
"Les efforts pour aller en Italie sont accrus"
Ces trois naufrages ont eu lieu bien loin des îles grecques de la mer Égée où se déroulent la plupart des arrivées depuis 2015 (Lesbos, Samos, Kos...). Face à des politiques européenne et grecque de plus en plus dures sur les migrations, passeurs et migrants cherchent des routes alternatives.
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Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés interrogé par InfoMigrants, estime que cette option est probable mais souligne que la route du Péloponnèse vers l'Italie n'est pas nouvelle.
"Cette fois, les efforts pour aller en Italie sont accrus parce que la frontière grecque est fermée. Mais c'est quelque chose que l'on a déjà vu. Il y a un an, un bateau s'est arrêté dans le Péloponnèse. Il y a aussi un bateau qui avait été récupéré dans les îles ioniennes [entre la côte ouest de la Grèce et l'Italie ndlr]. C'est très long et très dangereux mais les gens s'y essayent de plus en plus", s'inquiète-t-il.
Selon cet ancien maire adjoint d'Athènes en charge de l'immigration, c'est en 2016 que la route aurait commencé à être utilisée. "Après l'accord UE-Turquie et le début de la fermeture de la frontière grecque". "Depuis, on a eu des cas de gens qui ont échoué dans le Péloponnèse mais aussi près de Syros ou Mykonos, se remémore Lefteris Papagiannakis. Le dernier exemple, c'est ce gros bateau qui a [dérivé] au large de la Crète, en octobre, avec 400 personnes, et qui a ensuite été transféré à Kos."
Ce cargo battant pavillon turc était parti de Turquie et avait subi une avarie moteur au large de l'île de Karpathos, alors qu'il se dirigeait vers la Crète.
En juillet 2021 déjà, une dizaine de migrants avaient été portés disparus après le naufrage de leur bateau près de la Crète.
Plus de 2 500 morts en 2021
À la suite des trois naufrages de cette fin de mois de décembre, le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) a appelé, mardi, à "des actions plus déterminantes pour freiner le trafic d'êtres humains et pour arrêter ceux qui exploitent la misère et le désespoir humains".
"Il est décourageant de voir des tragédies évitables comme celles-ci se répéter. Nous ne devrions pas nous habituer à voir des corps récupérés dans la mer", a déclaré Maria-Clara Martin, représentante du HCR en Grèce, cité dans un communiqué.
Le HCR estime que "plus de 2 500 personnes sont mortes ou ont disparu en tentant de traverser la Méditerranée ou la route maritime de l'Afrique du Nord" pour rejoindre l'Europe "entre janvier et novembre 2021".