Des migrants à Bayonne, sur les quais de l'Adour. Crédit : InfoMigrants
Des migrants à Bayonne, sur les quais de l'Adour. Crédit : InfoMigrants

Il transportait des migrants depuis le centre de la Croix-Rouge d'Irun, au Pays basque espagnol, jusqu'à Bayonne en France. Lundi 17 janvier, un berger de 49 ans a été condamné à quatre ans de prison ferme. Une peine alourdie par son comportement au moment de son arrestation : au volant de sa camionnette, l'homme a foncé sur les policiers venus l'arrêter.

Il a indiqué avoir agi dans "un but uniquement humanitaire". Lundi 17 janvier, un homme accusé de transporter des migrants a été condamné à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bayonne. Il avait été arrêté vendredi, quelques heures après avoir percuté un véhicule de police dans la ville basque. En détention provisoire jusqu’à son procès, il a été jugé en comparution immédiate. Mille-cinq-cents euros ont été accordés à trois policiers pour le préjudice moral et 1 000 euros de plus pour une policière légèrement blessée, rapporte France Bleu.

Originaire d’Hendaye, Daniel, 49 ans, avait pris la fuite face aux forces de l'ordre alors qu'il venait de déposer 15 migrants au centre Pausa de la ville, sur les quais de l'Adour. La structure, gérée par la mairie, héberge les migrants sur leur chemin d’exil. Au volant de sa camionnette, il avait alors foncé sur des fonctionnaires et percuté une de leurs voitures.

Charpentier le jour, éleveur de brebis et de chèvres le soir

L’homme, artisan charpentier le jour et éleveur de brebis et de chèvres le soir, était entré en contact avec des migrants installés près de la Croix-Rouge à Irun, ville frontalière espagnole située à une quarantaine de kilomètres. Depuis, "ils se passent le numéro", a-t-il expliqué. En un peu plus d'un mois, sa camionnette a transporté au total 162 migrants subsahariens, lors de 24 trajets.

D’après lui, ce "service" était totalement gratuit pour les exilés. "Jamais je ne demande d’argent, ils me font de la peine", a-t-il affirmé.

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Un discours qui n’a pas du tout convaincu l’accusation, qui doute fortement que l’homme, endetté à hauteur de 130 000 euros n’ait agi que par pur altruisme. "Sachant qu'en moyenne les passeurs se font payer 150 euros par migrants, ce sont plus de 24 000 euros qui seraient tombés dans les poches de l'individu", indique France Bleu.

Le jour de son arrestation, Daniel a été interpellé avec 2 400 euros en liquide sur lui. Lors de l’audience, il a affirmé que cet argent était destiné à payer des matériaux dans son entreprise de charpente. Il avait par ailleurs été arrêté et condamné pour des faits similaires en 2017.

Début décembre, un homme de 20 ans, originaire du Mali, avait lui aussi été arrêté à Bayonne. Interpellé en flagrant délit, il transportait quatre femmes originaires d'Afrique subsaharienne en situation irrégulière dans sa voiture. Le jeune Malien proposait lui aussi des trajets Irun-Bayonne pour une somme comprise entre 100 et 200 euros, à chaque passager.

Davantage de contrôles policiers : "plus de risques" pour les migrants

La route qui mène au Pays basque est très empruntée par les migrants en provenance d’Espagne et qui cherchent à gagner la France, ou le nord de l'Europe. Bayonne voit arriver quotidiennement des exilés venus d'Irun. Mais la plupart, pour beaucoup originaires d'Afrique subsaharienne, ne sont que de passage.

Pour les dissuader de passer, les effectifs policiers ont été renforcés dans la région. Une augmentation des dispositifs de contrôles et de surveillance aux frontières qui "n'empêcheront pas, de toute façon, une personne qui souhaite s'installer ailleurs de le faire", avait assuré Émilie Pesselier, coordinatrice des frontières intérieures pour l'Anafé, à InfoMigrants. Pire, "elles vont plutôt l'amener à prendre plus de risques, ce qui peut conduire à des situations dramatiques".

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Le 8 août dernier, Abdoulaye Koulibaly, un migrant guinéen de 18 ans, est mort noyé dans le fleuve frontière de la Bidassoa. D'après le journal Ouest-France, il avait opté pour cette voie afin "d’éviter les contrôles policiers réguliers entre Irun et Hendaye". Tout comme les trois exilés algériens percutés par un TER, le 13 octobre dernier. 

 

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