Maria a fui l'Ukraine avec sa mère et sa grand-mère. Crédit : InfoMigrants
Maria a fui l'Ukraine avec sa mère et sa grand-mère. Crédit : InfoMigrants

Maria est originaire de Zaporijia, au sud-est de l’Ukraine. Elle a fui le pays quelques jours après l’offensive russe pour se réfugier en Roumanie avec sa mère et sa grand-mère. L'étudiante d'une vingtaine d'années veut maintenant rejoindre l'Allemagne où vit son frère. Témoignage.

"Quelques jours après le déclenchement de la guerre, alors que les combats se rapprochaient de Zaporijia, on a décidé de s’enfuir avec ma famille. J’ai rassemblé le nécessaire dans un sac à dos. Je n’avais pas beaucoup de temps alors j’ai pris le plus important : des affaires, des produits d’hygiène, mon téléphone et un tapis de sol au cas où je devais dormir par terre.

Un incendie a eu lieu dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 mars à la centrale nucléaire de Zaporijia, après des bombardements russes. Depuis, le site est contrôlé par Moscou.

Mon père est venu me chercher en voiture. Ma mère et ma grand-mère avaient aussi pris place dans le véhicule. Il nous a déposé à la frontière et il est reparti chez lui. Il n’a pas eu le droit d’entrer en Roumanie.

Dès le 25 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a décrété la mobilisation générale pour contrer l’invasion russe. Les hommes de 18 à 60 ans ne peuvent plus quitter l’Ukraine.

Séparée de sa famille à la frontière

Au poste-frontière de Siret [dans l’est de la Roumanie, ndlr], j’ai perdu ma mère et ma grand-mère. On a été séparés car elles sont passées avant moi. Avec la foule, c’est difficile de rester ensemble. Elles sont allées à l’hôtel Mandachi et je les ai rejointes après.

La file d’attente pour pénétrer à Siret peut s’étendre sur 18 km. Depuis le 24 février, plus de 70 000 personnes sont entrées dans la ville via l’Ukraine, soit la moitié des 140 000 arrivées comptabilisées dans toute la Roumanie.

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L’hôtel de luxe Mandachi a transformé sa salle des fêtes en centre d’hébergement d’urgence. Des centaines de personnes dorment dans l’établissement en attendant de poursuivre leur chemin.

Notre projet maintenant, c'est de prendre un bus pour rejoindre l’Allemagne. Mon frère vit à Berlin avec sa femme. Je ne sais pas combien de temps le trajet va durer, je préfère ne pas y penser. Chaque jour dure une éternité depuis le 24 février, je suis épuisée.

"Je suis née le 24 février, c'est vraiment pourri"

Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire là-bas. En Ukraine, j’étais étudiante. Je suppose que je vais trouver un petit boulot en attendant de rentrer dans mon pays. J’espère que la guerre ne va pas durer trop longtemps et que je pourrais reprendre rapidement ma vie. Dorénavant, mon groupe d’amis est éclaté dans toute l’Europe, c’est tellement triste ce qu’il se passe.

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Vous savez, mon anniversaire est le 24 février [date du début de la guerre, ndlr]. C’est vraiment pourri ! Je ne l’ai évidemment pas fêté cette année. Maintenant, cette date me fera toujours penser à la guerre !

Avec mes proches, on ne prenait pas l’invasion au sérieux. Quelques jours avant l’offensive, on en faisait des blagues entre nous. Tout cela est tellement irréel, on ne pensait qu’une telle chose était possible en Europe."

 

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