Des Yazedis fuient les persécutions de l'Etat islamique
Des Yazedis fuient les persécutions de l'Etat islamique

Les Yazidis sont une minorité religieuse du nord de l’Irak. Nous avons rencontré l’un d’entre eux qui a fui le pays et les persécutions de l’Etat islamique pour trouver refuge en Allemagne.

"Je viens de Sinjar en Irak. J’ai dû partir en août 2014, au moment où l’Etat islamique (EI) a commencé à prendre le contrôle de ma ville. Ils ont tué beaucoup de gens et enlevé environ 5000 de nos filles".  Sherwan n’a que 20 ans lorsque les djihadistes étendent leur zone d’influence depuis la Syrie voisine vers le nord de l’Irak et envahissent la zone montagneuse de Sinjar. Arrivés en ville, les extrémistes radicaux tuent des centaines de Yazidis. 50.000 d’entre eux fuiront dans les montagnes, encerclés et pris au piège par l’Etat islamique. Sherwan et sa famille sont restés cachés pendant 8 jours, malgré la faim et la déshydratation.

 

L’indignation des organisations humanitaires internationales ne se fera pas attendre. Des pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, commencent alors à lâcher depuis les airs des stocks de nourriture et d’eau. Le 7 août 2014, le président Barack Obama annonce des frappes aériennes contre les positions de l’EI dans la zone.

De leur côté, les milices kurdes mettent en place des corridors humanitaires pour permettre à quelque 35.000 Yazidis de s’échapper du piège. Parmi eux, Sherwan et sa famille, qui rallieront la Syrie. Le frère de Sherwan rejoindra les Peshmergas kurdes dans leur combat contre les djihadistes, dans l’espoir de libérer les filles kidnappées. Il y laissera sa vie quelques mois plus tard. Sherwan et sa famille retournent finalement dans la région kurde du nord de l’Irak au printemps 2015.

 

La décision de partir

 

En décembre 2015, Sherwan et ses deux sœurs décident de rejoindre la Turquie dans l’espoir d’obtenir l’asile en Europe.

"Nous avons embarqué sur un petit bateau pour aller en Grèce, avant de continuer par les Balkans, puis l’Autriche et finalement l’Allemagne, raconte Sherwan. Les ONG nous ont beaucoup aidés et une clinique israélienne a donné des soins à ma sœur quand elle est tombée malade en route ".


Ils arrivent à Cologne fin décembre et patienteront dans une salle de sport avec d’autres réfugiés pendant la procédure de demande d’asile. " Nous étions pleins de monde dans une petite pièce et la nourriture n’était pas bonne, se rappelle Sherwan. Le personnel de sécurité n’était pas très sympa avec nous. J’ai fait énormément d'efforts pour tenter de trouver un appartement pour mes sœurs et moi".


Doctorat en chimie

 

Sherwan se souvient d’une procédure de demande d’asile longue et fastidieuse, l’office allemand pour la migration et les réfugiés (BAMF) voulant s’assurer qu’ils sont bien des Yazidis. Selon Sherwan, des demandeurs d’asile kurdes prétendraient être des Yazidis parce qu’ils pensent que cela augmenterait leurs chances d’obtenir le droit de rester.

 

En décembre 2016, Sherwan et ses sœurs obtiennent finalement l’asile. Si le jeune Yazidi dit se sentir bien en Allemagne, c’est moins le cas de ses sœurs, qui sont plus jeunes et très connectées avec leur pays. D’après Sherwan, elles ont davantage de difficultés à se faire à leur nouvel environnement.

"Moi, je n’ai pas de pays, explique-t-il. Je considère que l’Allemagne est mon pays. Je ferai de mon mieux pour servir ce pays parce que je suis reconnaissant d’être ici et heureux de pouvoir être avec mes sœurs. Mon rêve est un jour d’avoir un doctorat en chimie. "

 

Dompter la langue de Goethe

 

Pour le moment, le jeune homme de 23 ans tente de dompter la langue allemande. Bien qu’il a désormais beaucoup d’amis allemands, Sherwan dit ressentir le poids des préjugés à cause d’événements comme la soirée du nouvel an 2015 à Cologne, lorsque des hommes d’origine maghrébine avaient agressé des centaines de femmes devant la gare centrale de la ville.

 

Il se souvient de cette femme qui a refusé de lui serrer la main parce qu’il est un réfugié. Sherwan espère que les agissements d’une minorité ne vont pas nuire à l’image de l’ensemble des migrants. "Je veux simplement dire aux Allemands que tous les réfugiés ne sont pas mauvais ".


 

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