Le corps d'un homme a été retrouvé samedi, près d'une digue du port de Melilla, a indiqué l'Association marocaine des droits humains. Le jeune exilé avait tenté de rejoindre l'enclave à la nage depuis la ville marocaine de Béni Ansar. Les tentatives d'accès à ce petit territoire espagnol en Afrique du Nord se multiplient ces derniers mois.
Nouveau décès à la frontière espagnole. Le corps d'un jeune migrant a été retrouvé, samedi 30 avril, près de la digue sud du port de Melilla, a indiqué l'Association marocaine des droits humains de Nador (AMDH). Selon elle, l'homme serait parti de la ville frontalière marocaine de Béni Ansar pour tenter de pénétrer, à la nage, dans l'enclave espagnole.
Dans un message posté sur son compte Facebook, l'association appelle les familles en recherche d'un disparu à les contacter pour tenter d'identifier la dépouille.
Depuis plusieurs années, les migrants d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique subsaharienne ou du Maroc, tentent d’entrer à Melilla, enclave espagnole sur le sol marocain, pour y demander l’asile ou dans l’espoir d’une vie meilleure.
Si les tentatives de franchissement des grillages barbelés autour de Melilla sont fréquentes, on parle moins, en revanche, de ces étrangers qui tentent de rallier Melilla à la nage, depuis le Maroc. Il est vrai que seule une centaine de mètres séparent l'enclave du port de Beni Ansar : une digue s’enfonçant dans la mer sur plusieurs dizaines de mètres départage les deux zones.

"Le processus est généralement le même pour tous les migrants : ils essaient d'entrer dans le port [marocain] de Beni Ansar tôt le matin, à l’aube, pour ne pas être vus", avait expliqué en 2021 Ali Zoubeidi, professeur à l’Université Hassan 1er et spécialiste de l’immigration. "Les candidats à la nage achètent des combinaisons et des palmes dans les marchés alentours. Ils espèrent avoir moins froid et aller plus vite." Mais les courants sont trompeurs et la traversée très risquée.
Hausse des tentatives
De manière générale, les tentatives d'entrées dans l'enclave de Melilla se multiplient ces derniers mois. En mars, quelque 6 000 tentatives avaient été recensées en seulement quelques jours. À l'origine de cette hausse : la pandémie de Covid-19 qui a dégradé l'économie marocaine et privé de nombreux jeunes de revenus, notamment à cause des fermetures de frontières.
"Avant, il y avait des portes dans les clôtures qui permettaient aux travailleurs munis de visas de passer. Il y avait aussi un point de passage spécifique pour les demandeurs d'asile. Maintenant, tout est fermé", expliquait, en mars, à InfoMigrants, Mar Soriano, assistante juridique pour l'association Solidary Wheels.
>> À (re)voir : Vidéo : à Melilla, des passages en force quotidiens de migrants depuis le Maroc voisin
Faute de pouvoir passer à Melilla, des centaines de migrants, majoritairement d’Afrique subsaharienne, vivent cachés dans les environs de la frontière. La concentration des personnes serait devenue particulièrement importante sur le mont Gourougou, côté marocain, sorte de goulot d'étranglement pour les exilés.
Matériel de surveillance à la frontière
Fin avril 2022, la Garde civile a lancé un appel d'offre pour le renouvellement de son matériel anti-émeute afin d'aider les agents déployés à la frontière entre Melilla et le Maroc à contrer les tentatives d’entrée de migrants subsahariens dans l’enclave.
Les autorités espagnoles souhaitent installer un équipement dernier cri qui aura la capacité de détecter, reconnaître et identifier tout mouvement suspect à la zone frontalière, de jour comme de nuit. Madrid réclame entre autres des caméras vidéos et thermiques positionnées sur des stations de surveillance à différent endroits de Melilla.
La Garde civile souligne que l'acquisition de ce système de surveillance complet est nécessaire pour repérer "les poches de migrants" qui se concentrent à la frontière, côté marocain, et "qui tentent d'entrer sur le territoire espagnol de manière illicite, soit par les passages frontaliers, la clôture d'enceinte ou par les brise-lames de la frontière maritime".